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Communication.Management.Marketing

Toute vérité n'est que perception

Toute vérité n’est que perception

Pour lancer la discussion, je voudrais vous soumettre dans quatre articles quelques convictions sur la communication. Commençons avec cette affirmation que toute vérité n’est que perception.


Le récepteur d’un message ne fait généralement rien pour se mettre à la portée de l’émetteur. C’est ce dernier, et lui seul, qui doit consentir l’effort d’adaptation indispensable à une bonne compréhension mutuelle et, partant, à une bonne communication. Mais ce n’est pas chose aisée car la réception comme l’émission repose largement sur des facteurs subjectifs – éducation, souvenirs, imagination, valeurs, culture, etc. – qui sont le plus souvent inconscients. Or la part de subjectif qui aura joué dans l’émission d’un message a fort peu de chances d’être la même que celle qui influencera sa réception. L’objectivité n’existe pas.

Communiquer, c’est donc dans une certaine mesure envoyer une bouteille à la mer. On ne peut jamais complètement anticiper comment les messages émis seront perçus. Le terme “perception” exprime d’ailleurs bien le caractère éminemment subjectif de la communication. C’est pourquoi on a parfois l’impression que le récepteur “comprend de travers”. En fait, il se peut qu’il soit juste positionné de travers par rapport à nos codes. La faute d’une communication inefficace n’incombe jamais au récepteur : c’est à l’émetteur de consentir les efforts suffisants pour s’adapter à l’altérité de son public cible.

(CC) Kate Russell

(CC) Kate Russell

Un message peut ainsi faire l’objet de presque autant d’interprétations qu’il a de récepteurs. C’est ce qu’illustre par exemple une jolie anecdote issue d’une biographie de Frank Sinatra (Kitty Kelley – His Way: The Unauthorized Biography of Frank Sinatra) que j’ai lue récemment : au cours d’une rencontre avec une petite fille aveugle, Sinatra lui écarte les cheveux des yeux en lui expliquant que le vent est la cause de sa gêne. L’enfant lui demande alors : “De quelle couleur est le vent ?”. Cette réaction illustre parfaitement l’écart potentiel entre message émis et message reçu. A des degrés divers, le même phénomène caractérise chaque communication. Communiquer, c’est accepter que son public cible s’approprie – et donc transforme – le message émis. Comme l’a écrit Montaigne, “la parole est moitié à celui qui parle, moitié à celui qui écoute”.

C’est pourquoi il n’y a pas de communication sans risque. Et plus il y a de médiateurs entre l’émetteur et le récepteur d’un message, plus le risque est grand.

5 commentaires sur “Toute vérité n’est que perception”

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Bonjour Christophe, Voilà un bien beau sujet de discussion et ce d’autant plus dans un monde ou l’information diffuse, visuelle et vidéo foisonne…
J’aime cette notion de co responsabilité entre l’émetteur et le récepteur (renvoyant à la notion de reformulation…)

Je nuancerais peut-être la notion de non effort du récepteur car c’est peut-être faire un peu fi de l’empathie mécanisme inconscient et inné chez les êtres humains notamment lorsque la communication n’est pas qu’écrite mais portée par des image… voir ce lien qui ouvre des portes intéressantes sur ce sujet http://surchargecognitive-houssin.over-blog.com/pages/14_Aux_sources_de_lempathie-4204019.html

J’adhère complètement à la notion d’interprétation quasi infinie.. nous “lisons” notre environnement au travers de nos filtres façonnés par nos préférences de fonctionnement, notre éducation, notre vécu, notre culture, nos origines, nos chocs, nos traumatismes .. L’environnement façonnant notre moi autobiographique et la plasticité cérébrale faisant de chacun de nous un individu bien distinct … Chacun comprend ce qu’il veut, peut…

Pour ceux que cela intéresse d’approfondir l’écoute de cette vidéo est assez parlante sur le sujet ( http://surchargecognitive-houssin.over-blog.com/pages/15_Aux_sources_de_lactivite_cerebrale-4406800.html) et pour les plus accrocheurs le dernier du neuroscientifique Antonio Damasio (l’autre soi-même)

Néanmoins, nous devons aussi admettre que nous partageons un certain nombre de code universel inné lié à des automatismes issus de l’évolution qui fait que nous interprétons d’une manière assez proche des mots, des symboles, des images cartographiée comme des menaces, ou des récompenses qui suscitent des émotions comparables dans tous les peuples (par exemple la peur face aux serpents, aux araignées..

Superbe sujet, St Exupéry je crois disais “Communiquer c’est apprivoiser” …

Cher captainbreizh, je suis d’autant plus d’accord avec vous que j’avais écrit que “le récepteur d’un message ne fait généralement rien pour se mettre à la portée de l’émetteur”. Cependant, même l’empathie est une forme de subjectivité… Merci en tout cas pour les liens vers les deux vidéos très intéressantes. Comme vous le dites, un magnifique sujet… aux ressorts infinis parce que liés à l’humain. Xophe

Comme la vie, la communication est un risque, et aussi comme elle, “on ne peut pas ne pas communiquer” (Watzlawick). Je voudrais rebondir sur le thème neurosciences et perceptions. Les neurosciences ont atteint un niveau de maturité tel, qu’elle permettent une meilleure compréhension macro du “Connectome” si plaisamment introduit pas Ted dans la vidéo attachée au précédent message. De nouveaux modèles de personnalités, de blocages cognitifs et comportementaux, d’empêchements ou au contraire d’envies irrépressibles, sont à présent mis en correspondance avec la construction synaptique du cerveau. Ils permettent, indubitablement, une meilleure connaissance de soi et des autres. Pour être plus spécifique concernant les neurosciences, par exemple on sait aujourd’hui ce qui provoque une émotion de mépris dans la communication entre deux personnes. L’externalisation d’une telle perception (l’objectivation en vérité pour les autres) est évidemment une erreur car toute émotion perçue en communicant, nous apprend plus sur nous que sur les autres. C’est à partir de cette connaissance plus intime de nous-même (notre modèle de vérité) que peut naître une intelligence émotionnelle et, sans doute, une communication plus efficace.
Cet article développe un peu plus cette notion de perception de mépris selon l’approche NCC (NeuroCognitive et Comportementale) http://www.neuromanagement.be/asp/formation_pro/l1b.asp?doc_id=244

J’adhère également au discours… mais pas au titre : il n’en reste pas moins qu’il y a une vérité intrisèquement vraie, quelle qu’en soit notre perception.

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