Esquif, fais-moi peur !

De tout temps, les parcs d’attraction ont su influencer notre perception pour que nous ayons peur avant même de nous engager sur les esquifs de leurs montagnes russes.

Ainsi que l’annonce Michael Bloomberg, le maire de New York, sur son site personnel, un nouveau parc d’attractions dénommé “Scream Zone” (la zone des hurlements) a ouvert ses portes hier à Coney Island. Je trouve le nom de ce parc excellent car il met les clients dans les meilleures conditions psychologiques pour maximiser leurs sensations lors de leur visite.

Tim Russert – (CC) Marabuchi

A cet égard, l’article du site de Michael Bloomberg me rappela une anecdote racontée par Tim Russert – l’un de mes héros et ma référence ultime en matière de journalisme, il faudra un jour que j’écrive un article pour lui rendre hommage – dans le magnifique livre qu’il consacra à sa relation avec son père. Il y évoque une montagne russe d’un parc d’attractions de Buffalo (la ville de l’Etat de New York où il fut élevé) qui avait été fermée avant sa naissance mais dont ses parents lui parlaient lorsqu’ils l’emmenaient audit parc.

Dans le cas de cette montagne russe, l’accroche était encore plus brillante : une infirmière professionnelle était ostensiblement postée en uniforme au pied de l’attraction pour censément aider les passagers qui s’évanouissaient à recouvrer leurs esprits !

Ces deux tactiques marketing jouent sur le fait que notre perception est très grandement influencée par la manière dont nous anticipons ce qui va nous arriver. Le nom “Scream Zone” et la présence de l’infirmière contribuent à ce que les visiteurs imaginent que les attractions sur lesquelles ils vont s’aventurer seront proprement terribles. Cela les conduit à avoir encore plus peur, ce qui est précisément ce qu’ils recherchent lorsqu’ils vont dans ces parcs.