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Toute vérité n'est que perception

Opinion > information ?

Le débat sur l’importance respective de l’information et de l’opinion dans la presse est aussi ancien que celui sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Il prend parfois des tournures inattendues.
The New York Times a remplacé il y a quelques jours sa vénérable – et vénérée – rubrique The Week in Review (créée en 1935) par The Sunday Review. La différence entre ces deux synthèses de l’actualité de la semaine écoulée ? La part du journalisme d’opinion. The Week in Review était concoctée par la rédaction et les articles d’information s’y taillaient la part du lion, laissant peu de place à quelques éditoriaux. A contrario, The Sunday Review est réalisée par les éditorialistes : les articles d’opinion y dominent et les informations sont reléguées au second plan.

Ce changement n’a apparemment provoqué aucune récrimination des lecteurs du Times liée à l’augmentation de la part des éditoriaux au détriment de l’actualité factuelle. C’est à première vue très étonnant : comment peut-on préférer lire des points de vue plutôt que des points de situation de l’actualité ?

Certains chercheurs américains considèrent que la demande croissante pour le journalisme d’opinion résulte de l’incompréhension croissante que les citoyens ressentent face à la multiplication des sources d’information. Confrontés à un foisonnement de nouvelles, ils ont davantage besoin que l’actualité soit décodée par des analyses. C’est ainsi qu’adviendrait l’âge d’or des éditorialistes qui donnent du sens au déluge numérique d’informations.

Un flux ininterrompu d’informations qui demande à être décodé – (CC) Sylvan Mably

Même si la pédagogie est une mission majeure de la presse, on peut penser que l’on assiste là à une forme de détournement de la mission première des médias : informer, c’est-à-dire exposer les faits.

Il nous faut cependant prendre en compte un paradoxe : à l’origine, la presse était presque exclusivement une presse d’opinion, comme le souligne Nicholas Lemann, doyen de l’Ecole de journalisme de l’université de Columbia (New York), cité dans un récent article du New York Times. Ainsi, en 1875, la presse américaine était-elle constituée d’environ 75% d’opinions et de 25% d’informations. En 1975, la proportion s’était plus qu’inversée : 90% d’informations et 10% d’opinions. Nous vivons aujourd’hui une nouvelle inversion de tendance qui représente en fait un retour aux sources.

La surabondance d’informations suscite donc chez nous le même attrait pour la presse d’opinion que l’absence d’informations. Cette relation des citoyens à l’information est d’autant plus intrigante que l’expression d’une pluralité d’opinions est la marque d’une saine démocratie.

Lénine doit se retourner dans son mausolée.

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