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Communication.Management.Marketing

Toute vérité n'est que perception

Le mensonge peut-il être une technique de communication ?

La première publicité télévisée de la campagne de Mitt Romney pour la primaire républicaine est un parfait exemple du fait que mentir pour (tenter de) convaincre son public cible est un signe de manque de confiance en ses arguments.

Mitt Romney, l’ancien homme d’affaires et gouverneur du Massachusetts, présente la double caractéristique d’être en tête des intentions de vote pour les primaires depuis de longs mois et de ne pas parvenir à distancer ses challengers successifs. Romney n’est clairement pas (encore) accepté comme l’un des leurs par la base populaire du Parti républicain qui doute de sa foi dans le catéchisme conservateur.

Cette difficulté l’amène à vouloir démontrer sans cesse sa sincérité. Cela l’a conduit ces derniers jours à une manipulation éhontée dans la première publicité télévisée qu’il a mise sur les ondes. Cette toute première publicité coïncidait – tout sauf un hasard – avec une visite de Barack Obama dans le New Hampshire (un Etat critique pour Mitt Romney dans sa quête de la candidature républicaine à la Maison-Blanche) et avec un énième débat télévisé entre prétendants à ladite candidature.

Dans cette publicité, Mitt Romney manipule la vérité. Le spot présente un extrait d’un discours de Barack Obama dans le New Hampshire durant la campagne de 2008 dans lequel il affirme : “si nous continuons à parler d’économie, nous allons perdre”. En fait, la phrase prononcée par Obama était : “Mon opposant, le sénateur John McCain, affirme dans sa campagne que, si nous continuons à parler d’économie, nous allons perdre”. Cependant, lorsqu’on regarde la publicité de Romney, on est convaincu qu’Obama parle de son propre destin électoral. Le paradoxe est que les mots attribués en 2008 par Obama à McCain… n’avaient pas été prononcés par l’ancien héros du Vietnam mais par l’un de ses conseillers. A malin, malin et demi…

Cependant, le mensonge de Romney est énorme et provoque des réactions furieuses des Démocrates. Mais c’est probablement ce que recherchait le leader républicain : plus il excite les Démocrates contre lui, plus il espère acquérir son brevet de conservatisme aux yeux des militants qui cherchent un candidat exprimant leur colère contre le Président Obama. En outre, la controverse suscitée par cette publicité, dans la diffusion de laquelle l’équipe de Romney a seulement investi 134 000 dollars, lui donne un retentissement médiatique sans commune mesure avec la modestie des moyens engagés. C’est donc, apparemment, un double coup gagnant en termes de communication pour Romney.

Mais ce n’est pas aussi simple. En effet, (presque) chaque mention de cette publicité dans les médias l’associe au mensonge et à la manipulation dénoncés par la Maison-Blanche. Je ne suis donc pas certain que le bénéfice de cette affaire pour Romney soit significatif au-delà des républicains radicalisés qu’il essaie de séduire. Ces électeurs lui permettront peut-être de remporter la primaire mais ils ne lui suffiront pas pour remporter l’élection présidentielle, un scrutin dans lequel les électeurs indépendants (c’est-à-dire inscrits ni comme démocrates ni comme républicains) joueront un rôle décisif. Or je doute que ces derniers soient émerveillés par la nouvelle technique de communication employée par Romney.

Ainsi, en sortant les propos d’Obama de leur contexte, Romney risque aussi d’avoir imposé une sortie de route à sa campagne en lui faisant perdre de vue son objectif ultime.

En communication, il ne faut jamais faire prévaloir la tactique sur la stratégie.

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