Fermer

Ce formulaire concerne l’abonnement aux articles quotidiens de Superception. Vous pouvez, si vous le préférez, vous abonner à la newsletter hebdo du site. Merci.

Fermer

Communication.Management.Marketing

Toute vérité n'est que perception

Attention au vice

Le vice n’est plus ce qu’il était. C’est ce que nous démontre l’élection présidentielle américaine.

Mitt Romney, le futur candidat du Parti Républicain à la Maison-Blanche, commence à réfléchir au profil du vice-président qu’il va sélectionner. Instruit par son prédécesseur, il ferait bien de mener cette réflexion sous l’angle de la perception.

En 2008, John McCain sélectionna la gouverneure de l’Alaska, Sarah Palin, une totale inconnue du grand public américain à l’époque. Le problème est que Palin était aussi manifestement méconnue de l’équipe de McCain qui n’anticipa pas les nombreuses casseroles qu’elle apporta avec elle sur le “ticket” républicain (la combinaison des candidats à la présidence et à la vice-présidence).

Affronté à un Barack Obama qui atteignait des niveaux stratosphériques en termes de célébrité et de popularité et à sa propre incapacité à passer d’un message centré sur la politique de sécurité – correspondant parfaitement à son passé de héros de la guerre du Vietnam – à un discours focalisé sur la crise économique, McCain voulut opérer une rupture en choisissant un colistier censé susciter un intérêt médiatique rivalisant avec celui généré par Obama. Le problème fut que Palin était aussi qualifiée pour être candidate à la vice-présidence que le premier ours venu du Park Denali. Aussi, l’intérêt médiatique qu’elle provoqua d’abord pour sa nouveauté et son indéniable charisme se transforma vite en inextinguible soif de rendre compte de ses gaffes successives. Et, à l’époque des chaînes d’information 24/24 et d’Internet, c’est une position intenable.

Avec ce choix, au lieu de sauver sa campagne, McCain la coula définitivement pour une erreur magistrale de gestion des perceptions. Alors que le slogan de sa candidature était “Country First” (“mon pays avant tout”), il démontra par le choix le plus visible de toute sa campagne qu’il faisait passer son intérêt personnel avant celui du pays. En choisissant une vice-présidente manifestement incompétente, il se mit en contradiction non seulement avec le message de son offensive sur la Maison-Blanche mais aussi avec l’ensemble de son histoire personnelle (qui le vit notamment être torturé cinq années durant au Vietnam en refusant d’être libéré en échange d’informations pouvant mettre en danger ses compagnons de guerre). Une telle incohérence de message est mortelle.

Rob Portman – (CC) Light Rider Photography

Mitt Romney, qui est aussi connu pour sa prudence que McCain est réputé pour son impétuosité, devrait éviter ce genre de dérapage fatal. Il devrait donc revenir aux basiques du choix d’un vice-président : être conscient que très peu d’électeurs votent pour le vice-président et qu’il faut donc avant tout choisir une personnalité qui n’affaiblira pas le candidat au Bureau ovale. En outre, comme je l’ai rappelé à propos de McCain, le choix d’un colistier en dit davantage sur le candidat à la présidence que sur le candidat à la vice-présidence. C’est un test de caractère et de capacité à prendre des décisions.

Romney pourrait être tenté de s’adjoindre les services d’un colistier beaucoup plus conservateur que lui – son manque de références conservatrices ayant été sa principale faiblesse tout au long de la primaire républicaine – mais ce serait à mon sens une erreur dans l’optique d’une élection générale où les indépendants (c’est-à-dire inscrits ni comme démocrates ni comme républicains) feront une grande partie du résultat. L’autre piège qu’il doit éviter est de prendre un candidat qui aurait pour mission de compenser son manque de charisme – sa seconde faiblesse qui sera d’autant plus préjudiciable face à un adversaire tel qu’Obama – car il souffrirait alors de la comparaison avec son second, ce qui n’est jamais bénéfique pour celui qui aspire à la plus haute fonction élective de la planète.

A contrario de ces solutions tentantes mais probablement perdantes, il a davantage intérêt à faire un choix plus pertinent en termes de perception sur la durée même s’il est moins excitant de prime abord pour les médias. Une personnalité républicaine correspondant à ce portrait-robot est Rob Portman, sénateur de l’Ohio. Il bénéficie d’une expérience budgétaire, un atout important eu égard à la situation financière des Etats-Unis et à l’angle d’attaque adopté par Romney contre Obama. Il est élu d’un Etat indécis qui jouera un rôle décisif au cours du scrutin. Last but not least, il est expérimenté. Incidemment, la biographie de Portman sur son site Internet – conjugaison de valeurs et de résultats concrets – est remarquablement éclairante sur la différence culturelle entre les Etats-Unis et la France.

Certes, le choix de Portman démontrerait moins de vice que la sélection de Palin il y a quatre ans. Mais il aurait pourtant plus de vista.

Ajouter un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

Remonter

Logo créé par HaGE via Crowdspring.com

Crédits photos carrousel : I Timmy, jbuhler, Jacynthroode, ktsimage, lastbeats, nu_andrei, United States Library of Congress.

Crédits icônes : Entypo