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Toute vérité n'est que perception

Les blogueurs peuvent-ils remplacer la presse ?

Je m’interrogeais hier sur la capacité de la presse écrite à survivre. Intéressons-nous aujourd’hui à l’un de ceux qui incarnent potentiellement un nouveau modèle de journalisme. Pour le meilleur ou pour le pire ?

C’est The New York Times Magazine qui dresse le portrait de Joe Weisenthal, le principal blogueur financier de Business Insider, le site web d’information dédié aux nouvelles technologies qui compte 15 millions de visiteurs mensuels.

Wall Street, le terrain de jeu de Joe Weisenthal – (CC) nosha

Le magazine décrit ainsi la vie quotidienne de Joe Weisenthal, 31 ans, dans un article illustré par une photo drôlatique de Weisenthal en train de travailler dans son lit conjugal pendant que son épouse dort :

  • il se réveille à 4 heures du matin et, à peine, sorti du lit, envoie un tweet aux abonnés de son compte Twitter pour savoir ce qu’il aurait pu manquer durant ses cinq ou six heures de sommeil. Il enverra environ 150 tweets dans sa journée de travail ;
  • celle-ci dure 16 heures pendant lesquelles il publie davantage d’articles (en moyenne 15) que n’importe quel autre blogueur suivant les mêmes domaines que lui. Ses articles vont de la reprise d’une présentation accompagnée de quelques lignes à de très longues analyses ;
  • il encadre une équipe d’une dizaine de blogueurs ;
  • il échange sur Twitter avec les 19 000 abonnés de son compte. Il profite de cette discussion permanente pour promouvoir ses articles de Business Insider et partager sa vie quotidienne avec ses “fans”. D’ailleurs, lorsque son épouse a vraiment besoin de lui, elle explique dans l’article qu’elle lui envoie un tweet ;
  • il ne parle presque jamais à personne au téléphone et réalise l’essentiel de ses conversations sur Internet ;
  • sa production éditoriale n’est pas de qualité uniforme mais elle contient des éclairs d’intelligence et des informations qui parviennent à attirer une audience de personnalités de premier plan de l’univers économique et financier américain ;
  • ainsi que le magazine le souligne, son travail s’apparente à celui de beaucoup d’analystes financiers américains à deux différences notables près : il gagne beaucoup moins d’argent qu’eux et il a un public et une capacité d’expérimentation (il n’engage pas l’argent de ses investisseurs) beaucoup plus grands qu’eux. Il a d’ailleurs été analyste financier pendant quelque temps avant de choisir ce métier de blogueur qui correspond mieux à ses aspirations et qui le fait davantage sortir du lot que s’il était un analyste parmi d’autres ;
  • il est obsédé par son activité professionnelle qu’il fait passer avant son couple, ses loisirs et son sommeil. La réputation que cette obsession lui confère le sert car son public est convaincu que Weisenthal sera le premier à communiquer l’information ou l’analyse qui fera la différence ;
  • il arrive souvent à devancer les journalistes bien qu’il ne bénéficie pas comme eux d’informations sous embargo ;
  • tous les mois environ, son rythme de travail effréné a raison de lui et il est incapable de passer la journée à faire quoi que ce soit d’autre que regarder la télévision.

Malgré toutes ses imperfections, le modèle incarné par Business Insider, qui compte plusieurs équivalents centrés sur l’actualité d’autres industries, est aujourd’hui en plein développement. Il repose sur des blogueurs passionnés qui abreuvent un public à l’affût d’informations sur un domaine précis et prêt, pour bénéficier de quelques pépites, à faire le tri dans un contenu comptant beaucoup de déchet. Ce n’est donc un modèle idéal ni pour le producteur ni pour le consommateur.

Mais cette approche fonde son succès sur trois atouts : elle est spécialisée, distrayante et rapide à consommer. Cependant, comme souvent, ce qui est rapide à consommer laisse peu de traces durables et c’est là que le bât blesse par rapport à la presse traditionnelle. Celle-ci a néanmoins de plus en plus de difficultés à financer des équipes éditoriales assez larges pour pouvoir couvrir avec pertinence tous les secteurs d’activité qui sont “épluchés” en temps réel par les blogs spécialisés. Ce constat, qui s’applique aujourd’hui à l’actualité micro-économique, n’est heureusement pas encore pertinent pour l’actualité politique (où les blogs sont davantage spécialisés en fonction des opinions de leurs publics respectifs) et géopolitique.

On peut en effet souhaiter que le journalisme du futur ne nous voie pas seulement picorer dans la production éditoriale de blogueurs dopés au Ricoré.

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