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Toute vérité n'est que perception

Le bilan plutôt que l’élan

En politique, lorsqu’on n’a rien à dire sur le futur pour convaincre les électeurs, on se chamaille avec son opposant sur le passé.

La nation américaine est sans conteste la plus optimiste au monde et la plus tournée vers l’avenir. Pourtant, la campagne présidentielle actuelle y est une querelle permanente entre deux discours sur le passé.

D’un côté, Barack Obama fait tout pour éviter que le débat ne se focalise sur l’état économique et social du pays – décevant en comparaison des espoirs qu’il avait fait naître. Chez Obama, le rassembleur de 2008 a laissé place au hâbleur et le stratège au tacticien.

Ces temps-ci, il insiste ainsi sur le passé de son adversaire républicain, Mitt Romney, à la tête de la firme d’investissement Bain Capital et sur ses cachotteries en matière de déclarations fiscales. Il souligne que Romney a repris des entreprises, licencié leurs collaborateurs, supprimé leur couverture sociale, externalisé des emplois à l’étranger et fait fortune. Une publicité télévisée de sa campagne – désavouée par plusieurs Démocrates au premier rang desquels Bill Clinton – dépeint même Romney comme rien moins qu’un vampire entrepreneurial !

Cependant, comme le relève POLITICO, le même Obama a déclaré la semaine dernière dans un discours à Baltimore que Romney “devrait être fier de son succès personnel à la tête d’une grande firme financière“. Le Président sortant ne veut en effet pas aller au bout de son attaque contre le passé d’investisseur de Romney pour ne pas s’aliéner l’électorat centriste qui pourrait bien faire la différence le 6 novembre prochain : il ne peut pas paraître opposé au principe même de l’économie capitaliste – dont il n’a pas fait grand-chose, en outre, pour réglementer les excès – et ne pas amplifier son image de “gauchiste”. Le résultat est un discours peu cohérent qui insiste désormais sur la différence entre les rôles de PDG et de chef de l’Etat pour décrédibiliser Romney.

Rassurez-vous, ce dernier n’est pas en reste. Il cherche, lui, à éviter que le débat ne se concentre sur son passé et sa richesse. Les médias américains le soupçonnent ainsi d’avoir laissé fuiter il y a quelques jours l’hypothèse d’une sélection de l’ancienne Secrétaire d’Etat (Ministre des Affaires étrangères) de George W. Bush, Condoleezza Rice, comme Vice Présidente. La perspective de voir une femme noire figurer sur le ticket républicain a agité les médias… mais pas suffisamment pour éclipser le débat sur le passé de Romney.

(CC) DonkeyHotey

Or l’ancien gouverneur du Massachusetts ne brille pas par son efficacité à convaincre ses concitoyens que son expérience à la tête de Bain Capital lui confère les qualités nécessaires pour redresser l’économie américaine. Il affirme avoir créé des dizaines de milliers d’emplois et aidé des entreprises à se développer mais ne parvient pas à détailler le rôle qu’il a joué dans cette optique. Ces interviews à ce sujet sont maladroites et imprécises. On ne comprend donc pas toujours les raisons pour lesquelles sa carrière d’investisseur en ferait un meilleur Président qu’Obama.

En outre, dans la même logique qui conduit Obama à ne pas attaquer de front l’économie de marché, Romney ne va pas au bout de sa logique qui le conduirait à expliquer, comme le souligne encore POLITICO, que le principe même des firmes d’investissement telles que Bain est le modèle de destruction créatrice de valeur – et d’emplois – qui passe parfois par l’élimination des entreprises incapables de survivre.

Ces derniers jours, en outre, des interrogations sont apparues sur la durée réelle du magistère de Mitt Romney à la tête de Bain Capital, interrogations auxquelles, comme souvent, le candidat républicain a mis trop longtemps à répondre.

Obama a donc clairement gagné la bataille médiatique durant la semaine écoulée : les médias américains se sont focalisés sur le passé de Romney plutôt que sur l’actualité marquée par la publication de statistiques du chômage une nouvelle fois lugubres.

Mais, à vouloir dégoûter les électeurs de leur concurrent sur des ressorts émotionnels, les deux candidats en oublient totalement de partager une vision du futur avec leurs concitoyens. En cela, cette campagne ressemble à celle de 2004 qui avait déjà opposé un Président en difficulté, alors George W. Bush, et un challenger incapable d’inspirer son pays, alors John Kerry.

Dans les deux cas, la tactique l’emporte sur la stratégie et le rejet sur le projet.

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