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Toute vérité n'est que perception

Le web sauvera-t-il la presse écrite ?

C’est l’espoir que soulève une analyse passionnante publiée par le laboratoire de la Fondation Nieman pour le journalisme de l’Université de Harvard.

La Fondation Nieman cite un exemple d’autant plus intéressant qu’il concerne la presse locale et non les grands quotidiens nationaux : il s’agit du système numérique payant (paywall*) lancé le 1er mai dernier par The Post and Courier of Charleston (Caroline du Sud). Il va produire une augmentation annuelle de 10% des revenus générés par la diffusion du journal, un vecteur de compensation significatif de la chute de ses revenus publicitaires : The Post and Courier of Charleston tire aujourd’hui 37% de ses revenus de sa diffusion contre 15,7% en 2000.

L’un des responsables du quotidien a expliqué à la Fondation Nieman que le journal a adopté la stratégie lancée par American Express il y a vingt ans : “l’adhésion a ses bénéfices“. The Post and Courier of Charleston promeut ainsi une offre fondée sur un bouquet de services. Pour 20 dollars par mois contre 17,50 dollars pour l’abonnement classique au journal papier (soit une différence de 14%), ce bouquet comprend :

  • un abonnement à la version papier du journal,
  • un accès illimité au site Internet du journal,
  • un accès illimité aux archives numérisées du journal,
  • un accès illimité aux applications du journal pour smartphones et tablettes,
  • l’abonnement aux magazines du journal,
  • des offres commerciales de toute nature.

Charleston – (CC) UGArdener

Le blocage de l’accès gratuit aux articles du Post and Courier of Charleston s’active après 5 articles visionnés gracieusement durant un mois (contre 10, par exemple, pour The New York Times), ce qui constitue une manière de motiver les lecteurs à s’abonner à l’offre numérique payante. En effet, entre 40% et 70% en moyenne des pages vues des sites des journaux sont générés par 10% ou moins de leurs lecteurs. Ceux-ci constituent donc le cœur de cible des offres payantes. Mais, pour les attirer, encore faut-il que le nombre mensuel d’articles accessibles gratuitement ne soit pas trop élevé car seulement 7% des visiteurs de ces sites lisent plus de cinq articles par mois (source : Press+). De fait, une limite mensuelle de 5 articles gratuits – comme celle appliquée par The Post and Courier of Charleston – permet de toucher seulement 5,5% des visiteurs de ces sites mais 79% de leurs visiteurs les plus assidus (ceux qui font partie des 7% précités).

La Fondation Nieman est convaincue que les offres numériques payantes vont se généraliser à l’avenir après que leurs premières expérimentations ont montré que les lecteurs sont prêts à “voter avec leurs portefeuilles” pour continuer à profiter des contenus de leurs journaux favoris. A ce stade, le coût marginal des offres numériques n’est pas encore dirimant pour les consommateurs. Mais il y aura certainement une période d’ajustement durant laquelle les organes de presse optimiseront leur niveau de prix – et d’offre de contenus et de services.

Je conclurai avec l’un des enseignements tirés par la Fondation Nieman de son analyse : la qualité des contenus compte plus que jamais pour convaincre les lecteurs de consommer des offres journalistiques payantes. La corrélation démontrée par les données chiffrées est très claire : plus le contenu du site Internet payant d’un journal est riche, plus il génère de chiffre d’affaires.

C’est in fine la meilleure nouvelle de cette étude : un avenir semble possible pour un journalisme de qualité.

* Un paywall oblige les lecteurs des éditions numériques d’un journal (sur ordinateur, smartphones et tablettes) à payer pour accéder à ses contenus au-delà d’un certain volume de contenus consommés gratuitement. C’est un modèle différent de celui qui domine aujourd’hui sur Internet et qui voit la majorité des sites d’actualité – le plus souvent des “pure players” qui n’ont pas d’édition papier – se rémunérer uniquement par la publicité.

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