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Toute vérité n'est que perception

Leçons du passage de l’ouragan #Sandy sur Twitter

Twitter a-t-il passé avec succès le test imposé par la survenance d’une crise majeure dans la capitale médiatique de la planète ?

Je tire trois leçons de cet épisode sans précédent :

  • la première est cohérente avec la prédiction que je fais sur Superception depuis la création de mon blog (lire notamment iciici et ici) : Twitter a confirmé ces derniers jours qu’il était bel et bien l’agence d’information du 21ème siècle. Le réseau de micro-blogging a en effet été utilisé par des particuliers, des journalistes, des médias et des organismes publics (bureaux de gouverneur*, mairies, transports publics, organisations de secours…) pour partager des informations en temps réel sur le déroulement et la gestion de la crise. Le réseau social de Jack Dorsey a été pour beaucoup de gens, et ce d’autant plus que la crise se déroulait dans le pays où Twitter est le plus utilisé, une source d’information vitale lorsqu’ils avaient perdu le courant électrique et donc la télévision. Il est probable que Twitter a aidé à sauver des vies, notamment en fournissant des informations ultra-précises car ultra-localisées – Twitter est plus local que n’importe quel autre média ne peut l’être – aux autorités publiques et organismes de secours. C’est une fonction que n’offre aucune des agences de presse du 20ème siècle ;
  • une autre différence entre les agences de presse du 20ème siècle et Twitter est que celles-là étaient fondées exclusivement sur le travail de journalistes professionnels – lesquels se trompent d’ailleurs parfois – alors que celui-ci donne le même porte-voix aux contributions d’amateurs et de professionnels. De ce fait, Twitter, qui ne réglemente pas les contenus mis en ligne par son intermédiaire, est davantage exposé que l’Agence France Presse ou Reuters aux rumeurs, tromperies et mauvaises blagues qui se multiplient dès qu’une crise majeure se développe quelque part dans le monde. Lorsque cette crise frappe la capitale mondiale des médias, New York, le risque est d’autant plus grand que de fausses informations pullulent sur Twitter. Dans le cas présent, des images truquées – ou véridiques mais sans rapport avec Sandy – y ont trouvé un écho parfois important, la plus reprise étant probablement celle de la Statue de la Liberté “attaquée” par l’ouragan (voir ci-dessous). De même, la palme de la crétinerie prétendument journalistique revient à Shashank Tripathi, un analyste financier de Wall Street et directeur de la campagne d’un candidat new yorkais à la Chambre des Représentants. Tripathi, dont l’identité fut révélée par BuzzFeed, opère le compte Twitter @comfortablysmug qui fit circuler avec un certain succès plusieurs fausses informations, au premier rang desquelles l’emprisonnement du gouverneur de New York Andrew Cuomo par les eaux, la fermeture de tout Manhattan par la compagnie d’électricité et de gaz Con Edison, l’inondation de la salle des marchés de la Bourse de New York et l’incendie de l’hôpital de Coney Island. Ce “troll” (perturbateur en ligne) s’excusa sur son compte Twitter et démissionna de sa fonction politique après avoir été découvert ;

Une fausse image mise en ligne sur Twitter lors du passage de l’ouragan Sandy sur la côte Est des Etats-Unis.

  • mais, et c’est ma troisième leçon du passage de #Sandy sur Twitter, l’impact de cette dérive doit être relativisé pour deux raisons. La première tient au fait que les utilisateurs du réseau sont les premiers à contrôler la véracité des informations et documents en tout genre qui y sont mis en ligne. Ces démarches de vérification se formalisent même au-delà de Twitter, à l’exemple de deux initiatives, l’une amatrice et l’autre professionnelle, séparant le bon grain de l’ivraie photographiques : Is Twitter Wrong, un blog d’un éditeur de MSN sur Tumblr, et une page dédiée du site web de The Atlantic. La seconde raison de relativiser la dérive désinformatrice de Twitter est soulignée par Robb Dupin, un auteur du “Colbert Report” cité par Alexis Madrigal sur The Atlantic. Cette raison relève de la loi de l’offre et de la demande : lorsque de vraies photos spectaculaires de l’ouragan devinrent disponibles, la grande majorité des fausses disparut. Ce que ne dit pas Dupin, et qui peut constituer un facteur moins rassurant pour d’autres crises, est que beaucoup de photos de Sandy furent disponibles car l’ouragan frappa l’une des zones les plus peuplées et les plus développées de la planète. Il nous faudra peut-être supporter davantage de fausses images lorsqu’une crise se produira dans une région moins propice aux témoignages photo et vidéo en temps réel.

* Selon The New York Times, Andrew Cuomo, le gouverneur de New York, a mis en ligne sur Twitter 400 messages le 30 octobre, 300 le 31 octobre et plus de 100 le 1er novembre.

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