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Le futur du journalisme : réinventer son passé

Le plus grand journal du monde nous montre admirablement la voie. Mais pas forcément celle que tout le monde regarde.

Il y a quelques jours, The New York Times a mis en ligne ce que certains ont appelé une extravagance numérique : une offre journalistique d’un nouveau genre intégrant presque tous les médias disponibles pour conter une avalanche – Snow Fall (cliquez sur le lien pour vous rendre compte de la merveille qu’a réalisée le quotidien new-yorkais). Beaucoup, aux Etats-Unis, ont vu dans cette approche multimédia une préfiguration du futur du journalisme et The New York Times a promu son innovation comme telle. Il me semble que c’est vrai mais pas pour les raisons qui ont le plus souvent été soulignées.

Certes, une telle super-production n’aurait pas été possible il y a quelques années et peut incarner le futur d’une certaine mise en forme journalistique. Mais le futur du journalisme ne se limitera pas à sa forme. Sinon il périra aussi rapidement que les consommateurs pourront cliquer pour changer de média numérique.

(CC) John Niedermeyer

“Snow Fall” est à mon sens plus intéressant encore sur le fond que sur la forme. Ce chef d’oeuvre nous montre que le futur du journalisme sera fondé sur la réinvention de l’ingrédient déjà le plus important dans le passé : le contenu. En effet, 16 personnes travaillèrent pendant six mois pour construire ce tour de force éditorial et la mise en forme brillante du sujet n’a d’intérêt que parce qu’il y a un sujet.

A cet égard, l’ampleur des moyens employés indique également les limites de l’exercice. Très peu de médias ont en effet aujourd’hui les reins assez solides pour s’engager dans des initiatives telles que “Snow Fall”. Mais ce dossier multimédia indique la mission des grands organes de presse face aux sites d’information low-cost et autres blogs : amener la compétition sur un terrain qui leur est plus naturel et donc plus favorable. Aller loin dans l’enquête et l’analyse plutôt qu’aller vite. Cela ne passe pas forcément par des projets aussi coûteux que “Snow Fall”.

“Snow Fall” n’est donc pas le (seul) futur du journalisme. Il est un peu l’équivalent de la 3D au cinéma. Lorsqu’un film 3D ne bénéficie pas d’une bonne histoire, il échoue car la seule 3D ne suffit pas à tenir les spectateurs en haleine pendant deux heures. In fine, et Pixar l’a mieux compris que personne, la technologie et la forme n’ont de sens que si elles sont mises au service de l’histoire.

C’est la même chose en journalisme : l’approche multimédia intégrée de “Snow Fall” n’a d’intérêt que parce qu’elle permet au formidable travail journalistique des équipes du New York Times d’être mieux mis en valeur. Incidemment, comme l’a noté AdAge, cette valorisation ne s’est malheureusement pas appliquée aux publicités – de classiques et horribles bannières – présentées dans le cadre de ce reportage.

Régalons-nous avec “Snow Fall” qui est une pure merveille. Mais n’oublions pas que le futur du journalisme ne réside pas tant dans le média utilisé que dans le contenu. C’est la conclusion paradoxale de cette innovation : le dossier multimédia censé incarner le futur du journalisme nous montre en fait que sa seule voie d’avenir est de se tourner vers son passé le plus glorieux.

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