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Toute vérité n'est que perception

La démocratie américaine a du grain à moudre

Après le coup de gueule d’hier, un coup de coeur aujourd’hui pour une initiative de Starbucks.

Howard Schultz, le fondateur et PDG de la chaîne de vente de boissons caféinées, a lancé une proposition toute simple afin de faire prendre conscience aux leaders politiques américains de la situation désespérée et du ridicule dans lesquels ils plongent leur pays à l’égard du cataclysme financier (“fiscal cliff”) qui s’annonce.

Avant d’en venir à cette initiative proprement dite, une rapide explication de ce désormais célèbre “fiscal cliff” : si le Président Obama et les Républicains qui contrôlent la Chambre des Représentants ne s’entendent pas d’ici le 31 décembre au soir sur la manière de réduire le déficit budgétaire et la dette fédérale, des mesures radicales d’augmentation des impôts (536 milliards de dollars) – qui concernerait 90% des foyers américains, lesquels verraient en moyenne leur feuille d’impôts augmenter de 3 500 dollars en 2013 – et de coupe des dépenses publiques (109 milliards de dollars) prendront automatiquement effet dès janvier.

Parallèlement à la fin de nombreuses exonérations fiscales, ces réductions de dépenses publiques sont prévues par une loi votée en 2011 (le “Budget Control Act“*) qui était précisément destinée à motiver Démocrates et Républicains au compromis en faisant planer au-dessus du pays la menace de mesures draconiennes qui réduiraient beaucoup plus rapidement le déficit mais généreraient une austérité telle qu’elle pourrait gravement affecter le redressement économique des Etats-Unis et, partant, celui du reste du monde.

En outre, les Etats-Unis risquent d’atteindre la limite de leur capacité d’emprunt, ce qui obligerait le Congrès à devoir une nouvelle fois relever le plafond de la dette fédérale (aujourd’hui de 16,39 trillions de dollars). Si les deux camps qui divisent Washington DC ne s’entendaient pas à ce sujet, certains fonctionnaires et certaines pensions pourraient ne plus être payés.

(CC) Glyn Lowe Photoworks

C’est dans ce contexte que s’inscrit l’initiative d’Howard Schultz qui consiste à ce que les collaborateurs travaillant dans les établissements du Groupe sis à Washington DC écrivent “Come Together” (“réunissons-nous”) sur chaque gobelet qu’ils servent à leurs clients.

Soyons francs : cette action est naïve, elle n’apportera rien à la solution du problème et elle entretient même un contre-sens sur la nature du risque – un excès d’austérité plutôt que de déficit. Mais elle m’est pourtant sympathique pour deux raisons : Schultz est a priori sincère (il ne peut pas être soupçonné de vouloir faire de la publicité à Starbucks avec cette opération) et il utilise l’exposition à nulle autre pareille de son entreprise pour parler de politique avec un grand “P”, c’est-à-dire des sujets de fond.

C’est assez rare, de nos jours, de la part des grands chefs d’entreprise pour être souligné et apprécié. Il est exemplaire qu’un patron de l’envergure d’Howard Schultz s’engage ainsi, même maladroitement, pour mobiliser ses concitoyens sur le devenir politique et économique de leur pays.

* Cette loi, négociée alors qu’Obama était affaibli après la victoire des Républicains aux élections de mi-mandat de 2010, prévoit exclusivement des réductions de dépenses publiques – pour 1,5 trillion de dollars sur la prochaine décennie. Incidemment, alors qu’Obama est aujourd’hui en position de force après avoir été réélu, c’est encore lui qui, inexplicablement (en termes de rapports de forces), fait des concessions face aux Républicains.

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