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Communication.Management.Marketing

Toute vérité n'est que perception

Le rousseauisme technologique

Les atteintes numériques successives à nos vies privées sont irrémédiables. Comment en est-on arrivé là et quels enjeux pour l’avenir ?

Le site Venture Beat racontait récemment qu’un bar de Seattle – The 5 Point Cafe – a décidé d’interdire à ses clients l’usage des lunettes de réalité augmentée Google Glass. L’objectif de Dave Meinert, le propriétaire dudit bar, est la préservation de la vie privée de ses visiteurs.

Il faut dire que les bars sont par excellence des endroits où les gens veulent décompresser sans courir le risque d’être photographiés ou filmés dans des attitudes néfastes à leur réputation. Or l’une des particularités de Google Glass est de prendre des images sans que ses “sujets” s’en rendent compte.

L’initiative de Meinert souligne de nouveau une tendance que j’ai notée sur Superception : la mort, à terme, de toute notion de vie privée. Google Glass n’est en effet qu’une innovation supplémentaire allant à l’encontre de cette notion.

Nous sommes déjà espionnés lors de chaque action que nous prenons sur Internet, que ce soit sur notre ordinateur, notre smartphone ou notre tablette. C’est une réalité qui, aujourd’hui, est ignorée de la majorité des Internautes et acceptée des autres par manque d’alternative.

Pour simplifier, le compromis que nous passons sur Internet est le renoncement à notre vie privée en échange de la gratuité. C’est par exemple ainsi que fonctionne le business model de Google, qui fut à l’avant-garde de cette évolution. Son offre publicitaire, comme celles de Facebook et de tous les autres acteurs du web, est construite sur l’analyse de données qui, en théorie, devraient rester d’ordre privé : les sites que nous visitons, les sujets que nous approfondissons, les pages que nous lisons, etc.

Google, Facebook & Consorts en savent davantage sur nous que l’Etat dans lequel nous vivons. Le contrat de confiance – souvent implicite – que nous avons avec ces entreprises est fondé sur la conviction qu’elles n’utiliseront pas ces données à mauvais escient. De temps en temps, cependant, certaines d’entre elles doivent être rappelées à l’ordre pour ne pas aller trop loin – n’est ce pas, Mark Zuckerberg ?

(CC) javacolleen

Cet accès des entreprises du secteur Internet à notre vie privée constitue ce que j’appelle la première mort de notre vie privée. Les objets connectés tels que Google Glass seront à l’origine de son deuxième trépas.

A cet égard, tout commença avec le smartphone. Ainsi que l’apprirent à leurs dépens beaucoup d’acteurs de l’actualité, au premier rang desquels les leaders politiques, un smartphone permet de photographier ou filmer ce que l’on veut à chaque instant de notre vie. La moindre dérive comportementale ou la moindre déclaration malvenue commise dans un contexte privé ou semi-privé – et qui aurait été ignorée il y a quelques années encore – peut désormais être immortalisée par un témoin et révélée au monde.

Les lunettes Google Glass vont donner une puissance sans précédent à ce phénomène en offrant au grand public un moyen de filmer ou photographier plus discret, plus réactif et plus pratique que n’importe quel smartphone. Et ce n’est là qu’un début.

Personnellement, cette évolution ne me choque pas même si nous n’avons jamais été consultés pour évaluer sa pertinence et décider de son éventuel encadrement ou, tout au moins, des conditions de sa mise en œuvre. Cette évolution s’impose à nous dans une forme de rousseauisme technologique auquel l’initiative de Dave Meinert tente de s’opposer avec la meilleure intention mais in fine chimériquement.

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