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Communication.Management.Marketing

Toute vérité n'est que perception

La fin du projet le plus connu sonne-t-elle le glas de l’information hyperlocale ?

Article à contre-courant.

David Carr, le célèbre journaliste du New York Times qui suit le monde des médias, vient de rédiger la nécrologie de Patch, le réseau de 900 sites d’information hyperlocale développé à grand frais (plusieurs centaines de millions de dollars investis sans résultats tangibles) par Tim Armstrong, le PDG d’AOL.

Ce projet est tellement cher au coeur d’Armstrong que cela l’avait conduit à commettre la plus grande erreur de sa carrière en licenciant en direct l’un de ses collaborateurs pendant une réunion avec l’ensemble de ses 1 000 employés (lire ici).

Beaucoup d’observateurs ont déduit du destin promis par David Carr à Patch que l’information hyperlocale n’a pas d’avenir. Je ne suis pas de cet avis.

(CC) Patch

(CC) Patch

Sans même évoquer le cas exceptionnel des deux journaux des communautés Amish et Mennonite, il me semble que la descente aux enfers de Patch ne signe pas l’arrêt de mort de l’information hyperlocale pour trois raisons :

  • à l’évidence, le développement de Patch a été mal managé parce que Tim Armstrong a été aveuglé par sa propre idée – investissant à tour de bras dans la création de plusieurs centaines de sites sans préalablement tester son concept et se donner le temps de mettre en place quelques sites avec succès – et que le premier contre-pouvoir (l’investisseur activiste Jeffrey Smith) qui s’est opposé à sa folie s’est levé trop tardivement pour éviter la remise en cause de l’ensemble du programme (lire ici mon résumé de la vie mouvementée de Patch). Les erreurs managériales de Tim Armstrong – qui, par ailleurs, a probablement sauvé AOL de l’abîme – ne signifient aucunement que le concept même d’information hyperlocale soit voué à l’échec ;
  • je reste convaincu, ainsi que je l’affirme depuis longtemps, que l’information locale et hyperlocale offre un potentiel de développement très important à ceux qui s’y intéressent, presse traditionnelle comme nouveaux médias. Cette conviction n’est pas qu’intuitive. Elle est également fondée sur l’avantage économique dont bénéficie, ainsi que le montrent la stratégie d’investissement de Warren Buffett et l’exemple de The Orange County Register dirigé par le brillant Aaron Kushner (pas l’acteur), la presse locale sur la presse nationale : elle n’est pas soumise à la concurrence de Google News* et de tous les médias numériques d’information gratuite. Les contenus locaux, par nature, ne peuvent pas être déployés à grande échelle. Cela induit également qu’ils ne peuvent pas être monétisés avec les mêmes méthodes que les contenus visant un public plus large ;
  • enfin, pour être pertinent, un média d’information hyperlocale doit être animé par des passionnés de la communauté concernée, ainsi que l’illustre l’exceptionnelle réussite de Jersey Shore Hurricane News que j’avais présenté ici. Le moins que l’on puisse dire est que ce ne fut pas l’approche privilégiée par Patch.

L’arbre abattu Patch ne doit donc pas cacher la forêt de jeunes pousses hyperlocales qui se développent avec succès à travers le monde.

* Même si Google s’intéresse malgré tout à l’information locale avec son projet Google Now (lire ici).

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