17 août 2014 | Blog, Blog 2014, Communication | Par Christophe Lachnitt
Emeutes de Ferguson : la viralité en direct
Après qu’un jeune noir désarmé, Michael Brown, a été tué par un policier blanc à Ferguson (Missouri), une révolte a éclaté dans la commune, alimentée par le comportement aberrant des forces de l’ordre locales. L’animation reproduite ci-dessous, créée par Twitter, montre la propagation des tweets liés à la crise de Ferguson (#Ferguson) à travers les Etats-Unis et une partie de la planète. Ce drame a été mentionné dans six millions de tweets au cours des cinq jours ayant suivi la mort de Michael Brown. Cette convulsion civique illustre une nouvelle fois le double rôle de Twitter comme vecteur de mobilisation citoyenne – en Amérique comme au Moyen-Orient – et agence d’information du 21ème siècle. Incidemment, les activités de journalisme citoyen – d’une ampleur inédite outre-Atlantique – déployées à l’occasion de ces troubles ont empêché la police de relativement maîtriser son discours comme elle aurait pu davantage le faire il y a quelques années encore en encadrant les reporters des grands médias nationaux dépêchés sur place. Même la mort de Michael Brown a été live-tweetée par @TheePharoah :
I JUST SAW SOMEONE DIE OMFG — Bruh. (@TheePharoah) August 9, 2014
Fuckfuck fuck pic.twitter.com/UpPNMEzuwf — Bruh. (@TheePharoah) August 9, 2014
Il est encore trop tôt pour ce faire mais il sera passionnant d’étudier les développements respectifs – à des ères médiatiques très différentes – des crises de Ferguson en 2014 et Los Angeles en 1992 (émeutes suite au tabassage de Rodney King par la police dont les membres furent acquittés lors d’un premier procès). 1992 marquait le début des caméras vidéo personnelles : le passage à tabac de Rodney King fut filmé par un témoin. En 2014, les réseaux sociaux en général et Twitter en particulier donnent à l’expression de la foule une puissance inextinguible. Tout ceci participe de l’un de mes concepts favoris, le principe de “sousveillance” énoncé par le professeur, chercheur et inventeur Steve Mann : alors que, jusqu’à récemment, l’Etat surveillait les citoyens, ces derniers le sousveillent désormais grâce aux moyens qui leur sont offerts par la généralisation des technologies numériques.