L’idéologie est mortifère

En entreprise comme en politique.

Jon Stewart, le brillantissime présentateur de l’émission satirique d’actualité “The Daily Show” – à laquelle j’avais consacré cet article -, a récemment été interviewé par The Hollywood Reporter.

Il déclare notamment dans cet entretien que “vous ne pouvez pas l’emporter sur un dogme par le raisonnement, quoi que vous fassiez”.

Jon Stewart – (CC) The Daily Show

C’est l’occasion de rappeler que l’idéologie n’est pas réservée à l’univers politique. Elle fait également de gros dégâts – qui se comptent cependant en emplois perdus et non en vies sacrifiées – dans le monde de l’entreprise.

L’idéologie, en résumé, est une théorie qui fait fi des circonstances. Elle plie la réalité à sa volonté de toute-puissance. Elle renforce l’estime de soi de ses partisans en leur donnant un système de pensée qui les protège des incertitudes du monde réel.

Beaucoup de managers portent une idéologie, non pas politique, mais technique, commerciale, industrielle, opérationnelle… Ce dogme réduit leur champ de réflexion et les soustrait à l’environnement dans lequel ils opèrent. Ils reproduisent les mêmes méthodes dans toutes les entreprises où ils passent sans s’intéresser au corps social dont ils ont la charge.

Pas davantage qu’en politique, le pragmatisme absolu (“la fin justifie les moyens”) ne doit avoir de place en entreprise. Alors que des valeurs libèrent les parties prenantes en leur donnant des codes communs, l’idéologie les emprisonne en leur fournissant un décodeur unique du monde réel.