16 octobre 2015 | Blog, Blog 2015, Marketing | Par Christophe Lachnitt
La publicité native s’attaque à la politique
C’est BuzzFeed qui prend cette initiative discutable.
Le site va créer des publicités vidéo natives pour des hommes et/ou causes politiques.
Ces vidéos seront conçues par le département publicitaire de BuzzFeed en collaboration avec les équipes de BuzzFeed Motion Pictures, la structure qui produit une gamme de contenus allant des vidéos de 6 secondes pour Vine aux émissions de 22 minutes et longs métrages.
Comme il se doit, BuzzFeed souligne le fait que ses publicités natives politiques seront clairement distinguées de ses contenus éditoriaux et que ses journalistes politiques ne participeront pas à leur création.
On peut cependant s’interroger sur la pertinence de cette initiative.
Les fidèles de Superception savent que je suis très ouvert à l’égard de la publicité native car elle peut constituer un moyen de contribuer au sauvetage économique d’une partie des médias d’information. Je ne critique cette approche que lorsque des médias franchissent les limites de ce qui me semble acceptable. Ce fut par exemple le cas du magazine Forbes qui figura sur sa Une un appel pour une publicité native, ce qui revenait à faire endosser le message marketing par sa rédaction.
Jusqu’à présent, hormis principalement quelques expérimentations, déjà, de BuzzFeed, la publicité native a concerné le champ commercial et ne s’est pas immiscée dans l’univers politique. Cette immixtion confère une nouvelle acuité au débat déontologique afférent car influencer un vote et une décision d’achat n’ont pas le même enjeu.
Je préférerais pour ma part que la publicité native ne soit pas utilisée à des fins politiques.
Il y a deux ans, lorsque je décryptais pour la première fois le développement de la publicité native sur Superception, j’écrivais :
“Son objectif est de tromper la vigilance du consommateur afin de lui faire prendre des vessies (contenus publicitaires) pour des lanternes (contenus éditoriaux)“.
Il me semble qu’il est nettement plus grave de tromper la vigilance de l’électeur que celle du consommateur. La vie de la Cité mérite mieux que des méthodes fourbes.
J’exprimais il y a quelques semaines mon opposition au mélange entre politique et spectacle. La publicité native politique ne relève pas de cette tendance mais elle s’inscrit dans la même dérive : dénaturer le débat civique.