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Axel Springer passe à l’offensive contre le blocage des publicités

Le plus grand groupe de presse européen interdit l’accès au site web du quotidien Bild aux internautes qui utilisent des logiciels de blocage des publicités.

Les gens auront le choix entre désactiver leur système de blocage ou payer un abonnement de 2,99 euros par mois pour visiter une version du site largement dénuée de publicité. Sinon ils ne pourront voir aucun contenu de Bild.de.

Cette initiative est loin d’être anecdotique pour deux raisons :

  • le tabloid est le journal européen disposant de la plus grande diffusion (2,5 millions d’exemplaires par jour). Il compte également 265 000 abonnés numériques ;
  • 23% des visiteurs de son site web utilisent un système de blocage des publicités. Cette donnée est cohérente avec les conclusions de la dernière étude de PageFair selon laquelle, avec 25% d’internautes friands de ces solutions, l’Allemagne est l’un des pays les plus touchés par ce phénomène.
(CC) André-Pierre du Plessis

(CC) André-Pierre du Plessis

Aux Etats-Unis, Hulu et The Washington Post ont pris des mesures comparables mais la décision d’Axel Springer représente la plus forte action européenne.

Ainsi que je l’avais relaté au mois de juin dernier, Axel Springer et plusieurs autres médias allemands ont perdu le procès qu’il avait intenté à Eyeo, une entreprise qui commercialise des systèmes de blocage des publicités.

Je me suis déjà prononcé sur Superception contre l’adoption de tels systèmes. J’écrivais à l’époque :

Le blocage des publicités n’est rien d’autre qu’une version présentable – car hypocrite – du piratage. Je ne comprends pas pourquoi il est illégal de télécharger le fichier d’un film mais qu’il serait légal – et même en vogue – d’utiliser des systèmes de blocage de publicités. Ces dernières sont en effet aux sites web et applications mobiles ce que l’achat de billets de cinéma ou de DVD est au film : la rémunération de la production et de la diffusion de contenus.

Autoriser l’activité des entreprises qui conçoivent les systèmes de blocage des publicités revient donc à encourager le piratage… à moins de poser que les acteurs du numérique sont les seuls médias qui ne peuvent pas monétiser leur activité.

En outre, la publicité fait partie de l’offre globale d’un média (sa qualité varie d’ailleurs généralement avec celle des contenus auxquels elle est associée) et participe donc du choix que les internautes opèrent dans les sites web et applications qu’ils utilisent. Personne ne nous oblige à consommer les médias dont les publicités nous gênent.

A cet égard, je soutiens les groupes qui prennent les mesures les plus drastiques pour lutter contre le blocage de leurs publicités. Les médias, qui ont échoué à s’adapter à la première révolution numérique de la gratuité, doivent absolument éviter de commettre une nouvelle fois l’erreur d’aborder ce phénomène comme un challenge technologique et non comme une menace sur leur business model.

Et ils doivent réagir très rapidement car la génération des milléniaux est en pointe dans l’adoption des systèmes de blocage de publicités. Le développement des publicités natives – réalisées comme les contenus qu’elles supportent, elles ne peuvent (pour l’instant) pas être bloquées – ne sera pas suffisant.

Plutôt que de tenter d’éduquer ses audiences numériques, comme le fait par exemple l’excellent journal britannique The Guardian, la meilleure approche me semble donc être celle adoptée par des médias tels qu’Hulu qui bloquent les internautes qui bloquent leurs publicités. On peut aussi envisager une dégradation drastique de leur expérience utilisateur“.

Je ne peux donc que soutenir la démarche d’Axel Springer et espérer qu’elle fera florès au sein d’autres groupes médiatiques du Vieux Continent. Mais, pour ce faire, ceux-ci devront être aussi confiants que l’éditeur allemand dans la valeur de leurs contenus.

2 commentaires sur “Axel Springer passe à l’offensive contre le blocage des publicités”

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Nous n’avons pas encore assez de recul pour mesurer l’impact à moyen et long terme mais je ne pense pas que ce genre d’initiative soit la bonne solution:

1. Non, on ne peut pas comparer ça à du piratage. Le contenu est offert gratuitement (contrairement aux sites marchand par abonnement). Libre à nous consommateurs d’afficher ce que nous voulons bien afficher.

2. Bloquer les ad-blockers c’est prendre le problème à l’envers et surtout, ne pas adresser le fond du problème qui est le suivant: pourquoi les consommateurs en viennent-ils à bloquer les publicités? Réponse: overdose de publicité, accroissement du sentiment d’intrusion (+60 vs +40% il y a 5 ans).

3. Donc in fine, bloquer les ad-blockers, cela va-t-il les faire changer d’avis, ou cela va les rediriger vers un autre site (concurrent)?

4. Qui aura, à votre avis, toujours une longueur d’avance??? Les anti-ad-blockers ou les ad-blockers?

5. Et puis phénomène que tous les médias ignorent, c’est qu’un certains nombre de pub apparaissant sur leurs sites, ne sont pas de leur fait mais sont des injections de publicités (malware, adware) qui poluent encore plus les sites et incient d’autant plus les consommateurs à utiliser des adblocks. Or il existe des solutions pour se prévenir contre ça… (pour ça, me contacter…).

Il vaut mieux proposer une expérience premium, basée sur un abonnement, aux lecteurs qui sont prêts à payer. Mais il faut pour ça revenir à du journalisme et non pas du people / sensationnel / copier-coller de billets AFP…

Bonjour,
Merci pour votre commentaire.
Pour vous y répondre point par point :
On ne peut pas, par définition, mesurer aujourd’hui l’impact du blocage de publicités à moyen terme mais plus de 200 millions d’internautes ont déjà adopté ces solutions, ce qui représente d’ores et déjà un impact significatif.
1. Je viens de traiter cet argument dans un article : Blocage des publicités : économie de l’attention ou de la tension ?
2. Certes, les sites web sont très imparfaits mais votre argument revient à dire que l’action de la police traite le problème de l’insécurité à l’envers. On doit à la fois réformer la publicité et empêcher autant que possible les internautes de consommer des contenus sans permettre à leurs producteurs et/ou diffuseurs de se rémunérer.
3. Comme induit en conclusion de mon article sur Axel Springer, la réponse à cette question dépend de la valeur des contenus des sites qui bloquent les bloqueurs.
4. Il sera difficile pour les ad blockers d’accéder à des sites qui leur sont interdits. Incidemment, la formulation de votre question est révélatrice car elle ressemble à ce que l’on écrirait à propos des pirates et hackers. 🙂
5. Bravo pour l’auto-promotion. 🙂
Si la solution à tous les maux publicitaires était une formule d’abonnement, elle aurait depuis longtemps été mise en oeuvre par tous les sites web. Malheureusement, c’est une stratégie qui ne correspond pas à tous les types de contenus, de sites et de business models.
Bien à vous.
Xophe

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