La nouvelle révolution du journalisme-citoyen ?

“Ecrivez pour nous et gagnez de l’argent chaque jour” : tel est le slogan de ViewsHound qui s’est lancé il y a quelques jours sur le web. Ce site vaut-il le pesant d’or qu’il nous promet ?

ViewsHound se présente comme “le premier site d’information au monde reposant sur crowdsourcing”. Il sera en effet alimenté par des contributions – articles, photos, dessins, éditoriaux… – de volontaires. Pour motiver ces derniers, ViewsHound attribuera chaque jour des dotations pour un montant total de 120 dollars. C’est une différence notable avec The Huffington Post, par exemple, qui ne rétribue pas ses blogueurs. Afin d’éviter le plagiat et les contenus inappropriés, ViewsHound a recours à un software de filtrage. Les fondateurs de ViewsHound ont déjà créé Publisha, un service en ligne qui permet de publier un magazine numérique sous la forme d’une application pour iPhone ou d’une page Facebook.

Alors visitons ViewsHound.

On y trouve dans un certain désordre des articles sur tous les sujets. Ce qui m’a semblé avoir le plus d’intérêt est la section Photos qui comprend notamment un cliché à couper le souffle de Yosemite Park en hiver. Pour le reste, comme il s’agit d’articles d’opinion et non d’information, il est difficile de s’orienter et de choisir les articles qu’on souhaite lire car on ne connaît pas les auteurs. Dans un média classique, on est habitué à retrouver ses journalistes et éditorialistes favoris dans la foultitude de contenus qui nous sont proposés. Quant à un blog, si on y revient, c’est qu’on apprécie les vues et/ou la plume de l’auteur. Sur ViewsHound, on ne connaît personne et on manque donc de repères. Or, comme les sujets sont très nombreux et intéressants, on ne sait que choisir. Vu le nombre de contributeurs potentiels, il faudra une assiduité sans faille pour qu’un lecteur de ViewsHound détermine quelles sont les “signatures” de ce site qu’il a envie de retrouver lorsqu’il le visite. Ainsi la formule de ViewsHound va-t-elle rendre très difficile la création de rendez-vous entre le lecteur et les “journalistes”. Or c’est l’un des principes de base sur lesquels repose la fidélité d’un consommateur à son média favori.

Bref, comme chantait U2 à propos de New York*, sur ViewsHound, “la liberté ressemble à un trop grand nombre de choix”.

* Sur l’album “All That You Can’t Leave Behind”.