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Toute vérité n'est que perception

Obama n’est plus inspiré et n’inspire donc plus

Contre toute attente, Barack Obama remporta la primaire démocrate face à Hillary Clinton puis la présidentielle face à John McCain parce qu’il fit montre de deux des qualités qui sont indispensables aux grands leaders : la capacité à inspirer et la faculté à communiquer en touchant les gens. Or ce sont ces deux mêmes qualités qui semblent aujourd’hui lui faire défaut et qui remettent en cause, sinon encore sa réélection, du moins le bilan de son premier mandat.

La crise du relèvement du plafond de la dette est certes terminée – pour quelques mois jusqu’au prochain remake de ce psychodrame auto-généré – mais le déficit de leadership de Barack Obama à cette occasion – que j’ai déjà évoqué iciici et ici – est resté dans les mémoires si l’on en croit les sondages d’opinion.

La qualité d’Obama – sa capacité à dessiner des compromis entre des visions censément irréconciliables – qui avait semblé si séduisante aux Américains après deux mandats de George W. Bush joue aujourd’hui contre lui. Alors qu’il disposait des principaux leviers institutionnels et médiatiques, il n’a pas été capable d’imposer ses vues aux Républicains dans le débat sur la dette et il en paie le prix auprès des Démocrates et des Indépendants. Ceux-ci l’ont élu pour qu’il mette à exécution sa promesse de changer la manière dont l’Amérique est gouvernée. C’est finalement Obama qui semble avoir changé.

Barack Obama n’arrive plus à inspirer les Américains à travers l’écran créé par son téléprompteur – (CC) Floyd Brown

Rien n’illustre mieux cet effet boomerang que le discours prononcé par le Président il y a quelques jours dans lequel il expliqua à ses concitoyens que son slogan “Un changement auquel vous pouvez croire” ne voulait pas dire que ledit changement serait immédiat. Au contraire, il prendrait du temps leur asséna-t-il. Il passa ainsi d’un message inspirant à un message déprimant, expliquant en substance au peuple américain que ce qu’il leur avait promis il y a trois ans pour être élu ne serait pas réalisé durant le mandat pour lequel il leur avait demandé de l’élire. Cela s’appelle une tromperie sur la marchandise et ce n’est jamais bon en termes de perception.

En outre, ce message est d’autant plus déprimant pour les électeurs et inefficace pour Obama qu’il est (i) un constat d’impuissance, ce qui n’est pas la caractéristique qu’on attend d’un Président, et (ii) complètement passif. Candidat, Obama inspirait les Américains en leur disant qu’ils avaient le pouvoir de changer le monde sous son leadership. Président, il leur décrit sa paralysie et rejette la faute sur la Terre entière. Le décalage est meurtrier.

Il ne leur explique même pas comment il se bat au quotidien pour faire advenir le changement qu’il leur a promis. Il ne devrait d’ailleurs pas avoir à leur expliquer car cela devrait se voir mais ce n’est pas le cas comme le montre l’exemple du débat sur le plafond de la dette : Obama semble ne pas utiliser le pouvoir dont l’ont doté ses électeurs. Il y a trois ans, il promettait à toute une génération qui allait voter pour la première fois de faire triompher l’espoir sur la peur. Aujourd’hui, c’est lui qui semble avoir peur d’affronter ses adversaires et de trancher. Il est des moments où un leader qui accepte trop de compromis se compromet. Un leader n’est ni un suiveur ni un spectateur. Sinon, il termine comme Jimmy Carter.

Enfin, le message d’Obama sur le temps que prendra le changement promis fut une nouvelle fois délivré sur le ton professoral qui, durant la campagne, contrastait avantageusement avec les platitudes de Bush Jr. et qui, aujourd’hui, passe pour de l’arrogance et souligne la distance entre Obama et son peuple. Cette distance, les Américains la perçoivent dans les priorités de leur Président qui ne s’est toujours pas saisi du seul problème qui les intéresse réellement : l’emploi. Ils la perçoivent également dans son incapacité à avoir un discours qui donne du sens aux événements qu’ils vivent : il lui a par exemple fallu trois jours – de vendredi à lundi – pour réagir publiquement à la dégradation de la note américaine par Standard & Poor’s et à la mort de trente militaires américains en Afghanistan. Et, lorsqu’il s’exprima, son discours sans envergure eut pour seul effet de faire plonger encore plus l’indice Dow Jones.

Obama n’est pas un Président comme les autres du fait de la révolution que constitua son élection au regard de l’histoire américaine et de l’espoir qu’il avait fait se lever dans une grande partie de la Nation. Il est donc normal qu’il soit jugé à cette double aune, et ce d’autant plus qu’il en a surjoué durant ses deux campagnes (primaire et présidentielle).

Cependant, comme je l’explique depuis quelque temps, Obama sera peut-être sauvé par l’indigence de l’opposition républicaine qui, à ce stade, ne compte aucun candidat d’envergure à la Maison-Blanche. A cet égard, il sera intéressant de suivre ce samedi le discours que doit délivrer le gouverneur du Texas, Rick Perry, en Caroline du Sud pour annoncer sa décision quant à une éventuelle candidature. Rick Perry bénéficie en effet d’un bilan économique flatteur – y compris en termes d’emploi – et pourrait représenter une synthèse opportune des différents courants qui divisent actuellement le parti de Lincoln à condition que son entrée en lice tardive et ses quelques casseroles ne l’handicapent pas excessivement.

Peut-être qu’un adversaire de plus grande stature permettrait à Obama de se reprendre…

3 commentaires sur “Obama n’est plus inspiré et n’inspire donc plus”

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Une analyse de communiquant qui ignore complètement la réalité politique américaine ! Heureusement tout n est pas que communication . La principale qualité d Obama c est la résilience .

Cher intervenant mystère, vous me permettrez de penser que vos arguments sont un peu courts.
En premier lieu, disqualifier une analyse parce qu’elle serait celle d’un “communiquant” tient presque du délit de faciès : dans votre esprit, le “communiquant” pense-t-il par définition moins bien que les autres ? J’aurais préféré que vous discutiez les arguments de mon article plutôt que la nature de son auteur. Et votre blâme est d’autant plus paradoxal que vous ne signez pas votre contribution et que je ne peux donc pas savoir depuis quelle chaire vous me méprisez ainsi.
En second lieu, dire qu’Obama est résilient est très joli mais cela ne retire ou n’ajoute rien à mon analyse de la réalité politique américaine et de la situation actuelle d’Obama.
J’aurais donc espéré que, après avoir disqualifié mon article, vous m’éclairiez de votre savoir et de votre propre réflexion.
J’aurais ainsi eu l’occasion, grâce à vous, de m’élever au-dessus de mon médiocre statut de “communiquant”. 🙂
Xophe

Nous avons enfin un blog tres interessant et intelligent, evitez Anonyme,  de le  polluer avec ce genre de propos simplistes, insultants et non assumes!  Elevez le debat!! Argumentez!!! 

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