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Toute vérité n'est que perception

L’évolution sociologique des journalistes politiques produite par les réseaux sociaux…

… et ses conséquences en termes de couverture médiatique et de relations presse.

Peter Hamby, un journaliste de CNN, a produit un passionnant rapport sur les changements induits lors de la dernière campagne présidentielle américaine par les nouvelles formes de journalisme numérique. Ce document, récemment mentionné par The New York Times, s’inscrit dans le cadre d’une étude menée par le Shorenstein Center de l’Université d’Harvard.

En synthèse, Hamby met en exergue un double impact des réseaux sociaux, au premier rang desquels Twitter :

  • le rajeunissement des journalistes qui suivent la campagne au jour le jour : la généralisation de médias sociaux tels que Twitter et Instagram passe par l’avènement d’une nouvelle génération de journalistes, moins expérimentés politiquement mais plus au fait des nouvelles technologies de l’information que leurs prédécesseurs. Ces jeunes reporters sont plus motivés – et reconnus, y compris par leur rédaction en chef – par la continuité de leur couverture que par la profondeur de leurs analyses ;
  • l’accélération sans limite du compte-rendu des faits et gestes des candidats : la relation de la campagne est devenue un flux presque ininterrompu de tweets et de photos. Peter Hamby qualifie d’ailleurs les jeunes journalistes de “camions satellites anthropomorphiques”.

Cette double mutation implique que la couverture médiatique de la campagne s’est apparentée, pour reprendre l’expression d’Hamby, à “une gigantesque goutte de tweets“. A mon sens, nous vivons à cet égard une transition générationnelle qui a un effet négatif sur la qualité de la couverture médiatique américaine de l’actualité politique : les jeunes journalistes intégrés (“embedded“) au sein des campagnes sont sélectionnés davantage pour leur maîtrise des réseaux sociaux et leur capacité de travail non-stop que pour leurs qualités réflexives et leurs connaissances politiques. Or ils orientent de plus en plus la couverture de l’actualité par le simple volume de leur production. Il est à craindre que cette dérive s’installe irrémédiablement alors que les journalistes politiques apprendront à maîtriser les médias numériques et/ou que les jeunes journalistes s’aguerriront sur le plan politique.

En outre, cette évolution remet en cause l’approche traditionnelle des candidats vis-à-vis des médias. Selon Peter Hamby, Mitt Romney fut beaucoup moins agile dans ce domaine que Barack Obama. L’équipe du candidat républicain réagit de manière défensive face à des jeunes journalistes dont elle redoutait le manque de mise en perspective et la propension à tout raconter, surtout ce qui lui semblait sans intérêt.

Mitt Romney - (CC) Gage Skidmore

Mitt Romney – (CC) Gage Skidmore

Ce fut une double erreur tactique. Tout d’abord, le fait d’isoler Romney des journalistes l’éloigna de ceux-là mêmes qu’il devait convaincre car ils constituaient les médiateurs – les “médias-teurs” – vers les électeurs. En outre, si un candidat ne communique pas d’informations aux journalistes, ces derniers se fournissent à d’autres sources qui sont le plus souvent incohérentes avec son message. A notre époque, il est donc impossible de vouloir complètement “contrôler” les médias. Au contraire, l’excès de contrôle tue le contrôle.

Dans son rapport, Peter Hamby cite un conseiller de Romney : “si je devais citer trois adjectifs pour qualifier les jeunes journalistes qui nous suivirent au quotidien, je dirais jeunes, inexpérimentés et furieux“. Il est vrai que les jeunes Américains sont généralement plus sensibles aux messages d’Obama qu’à ceux de Romney.

Cependant, la campagne du Président fut aussi beaucoup plus habile – en n’ostracisant pas les journalistes – et réactive – en prenant en compte la nouvelle échelle de temps d’une campagne numérique. En un mot, Obama et son équipe s’adaptèrent à la nouvelle réalité politico-médiatique américaine. Il faut dire que ladite équipe était beaucoup plus jeune que celle de Romney et comprenait nombre d’excellents spécialistes des technologies numériques.

Un commentaire sur “L’évolution sociologique des journalistes politiques produite par les réseaux sociaux…”

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C’est avec plaisir que je découvre cette nouveauté. Puisse cet effort contribuer à l’éclosion d’un monde meilleur

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