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Toute vérité n'est que perception

The New York Times durcit ses règles en matière de sources anonymes

Après avoir communiqué deux informations importantes erronées1 en Une de son édition papier, laquelle bénéficie encore d’une grande influence contrairement à celle de beaucoup de ses concurrents, le quotidien new yorkais s’amende.

Ses décisions dans ce domaine ont fait l’objet d’un mémo adressé par la direction éditoriale du journal à ses collaborateurs et ont été relatées dans un article de Margaret Sullivan, sa médiatrice.

Ce mémo précise notamment quels responsables doivent approuver les différents types de recours à des sources anonymes. Il indique également que le journal citera désormais très rarement des sources anonymes au sujet de “spéculations et d’interprétations”.

Les sources anonymes sont parfois indispensables pour révéler des informations ou mener à bien des investigations. Mais The New York Times, comme beaucoup d’autres journaux, en a parfois abusé ces derniers temps.

Cette dérive s’explique largement par la menace sans cesse croissante des médias numériques. Ces derniers sont régis par un impératif de vitesse à l’ère de Twitter et certains sacrifient la vérification de leurs informations sur l’autel de la recherche du scoop au risque d’entacher leur crédibilité.

Le Siège du New York Times à Manhattan - (CC) Christophe Lachnitt

Le Siège du New York Times à Manhattan – (CC) Christophe Lachnitt

Evidemment, la crédibilité du New York Times a un prix plus élevé que celle d’un site web de troisième rang car elle est davantage au coeur de son modèle éditorial et économique. Les patrons du quotidien new yorkais l’ont bien compris : ils affirment ainsi dans leur mémo être prêts à perdre des scoops afin de la préserver. Cette éventualité constituera le test réel, auprès de leurs journalistes, de leur détermination à faire prévaloir l’éthique journalistique sur toute autre considération.

A cet égard, The New York Times s’est de nouveau retrouvé récemment au centre d’une polémique liée à sa gestion de l’anonymat, cette fois avec l’interlocuteur le moins anonyme qui soit, Donald Trump. Le milliardaire participa en effet au mois de janvier dernier à une réunion “off the record” – c’est-à-dire dont le contenu ne peut pas lui être attribué publiquement – avec le comité éditorial du journal.

Or BuzzFeed révéla par la suite que ses propos lors de cette réunion seraient contradictoires avec ses déclarations publiques sur des thèmes centraux de sa campagne présidentielle. Dans ce contexte, The New York Times n’aurait pu révéler la teneur de la réunion tenue en “off” qu’avec l’accord de Trump, qui ne le lui donna pas.

Cet incident révèle la potentielle faiblesse du mémo de la direction du journal : il aborde les sources anonymes mais pas d’autres situations dont le traitement devrait également évoluer comme des sessions prolongées en “off” avec des personnalités aussi publiques et engagées par leurs propos qu’un candidat à la Maison-Blanche.

Cependant, il est toujours difficile pour une institution publique de faire son autocritique et de s’amender. Incidemment, il est encore plus rare de voir un média se comporter ainsi. Les journalistes ont en effet davantage l’habitude de questionner les pratiques des acteurs de l’actualité que de se remettre en cause.

Le mémo de la direction du New York Times est donc particulièrement significatif et confirme la volonté du meilleur quotidien du monde de demeurer une référence journalistique malgré les difficultés que cette ambition pourrait lui causer.

1 Des poursuites criminelles censément lancées contre Hillary Clinton dans l’affaire de ses emails et la prétendue accessibilité à tous les membres de Facebook des messages djihadistes mis en ligne par l’auteure de l’attentat de San Bernardino (Californie).

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