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Lecture : “Unscripted: The Epic Battle For A Media Empire And The Redstone Family Legacy” par James B. Stewart et Rachel Abrams (2023, 416 pages)

Quatre histoires en une.

Ancien avocat, James B. Stewart écrit pour The New Yorker et The New York Times. Rachel Abrams, pour sa part, est journaliste au sein du New York Times. Ils ont chacun reçu un prix Pulitzer. J’ai recensé sur Superception un livre précédent de James B. Stewart consacré à une autre bataille à la tête d’un grand groupe de médias américain.

Unscripted” relate quatre histoires entremêlées : l’évolution des médias traditionnels (cinéma et télévision) face à la déferlante du streaming, l’errance stratégique et patrimoniale de Viacom et CBS, le drame intime de la famille Redstone et les répercussions dans cet univers du mouvement “MeeToo”. Si les scénaristes de la géniale série de HBO “Succession” avaient repris certaines péripéties de ce récit dans leurs épisodes, ils auraient été accusés d’exagérer dans l’invraisemblance. Pourtant, ici, tout est tristement vrai.

Le personnage central de cette chronique est Sumner Redstone, l’un des entrepreneurs américains les plus mythiques du siècle dernier : parti de rien, il parvint à bâtir l’un des plus grands empires médiatiques et l’une des plus grandes fortunes du pays. Il était reconnu pour son exceptionnelle intelligence qui lui valut notamment d’obtenir son diplôme de l’Université de Harvard en deux ans au lieu des quatre imposés aux étudiants. Par ailleurs, il excellait tellement en Japonais qu’il s’engagea dans l’armée américaine en 1943 pour aider à déchiffrer les codes secrets des ennemis nippons de l’époque.

Il était moins apprécié pour sa dureté toute aussi singulière. Outre le manque de respect dont il faisait montre pour tous ceux qui ne répondaient pas à ses exigences démesurées, sa brutalité était magnifiée par un drame qui faillit l’emporter. En 1979, l’hôtel dans lequel il séjournait prit feu : Redstone s’échappa par une fenêtre et resta suspendu au rebord de celle-ci, alors que sa main et son avant-bras étaient consumés par les flammes, jusqu’à l’arrivée des pompiers. Il subit une soixantaine d’heures d’opérations chirurgicales mais sa main resta à jamais une griffe difforme qui rappelait à tous ses interlocuteurs la détermination dont il était capable.

A la fin de sa vie, Sumner Redstone s’amouracha de deux femmes dont le seul objectif était de lui voler la plus grande partie possible de sa fortune. Elles vécurent avec lui dans sa propriété de Beverly Hills, régissant sa vie jusqu’à interdire aux membres de sa famille de lui rendre visite.

Les scènes décrivant un Sumner Redstone fréquemment en pleurs dans sa chambre, à la merci de manipulatrices sans foi ni loi menaçant les membres de son personnel émus par cette situation, humanisent un individu connu pour son manque d’humanité toute sa vie durant. C’est au terme de l’une des plus grandes batailles juridiques de l’histoire corporate américaine que Shari Redstone put renouer avec son père et conserver le contrôle de l’empire qu’il avait bâti. Pour ce faire, elle dut aussi affronter Leslie Moonves, le dirigeant de la télévision américaine le plus iconique de son temps finalement rattrapé par les agressions sexuelles dont il s’était rendu coupable en toute impunité.

Ce livre se lit comme un roman grâce à une écriture à la fois claire sur des dossiers juridiques complexes et dynamique. Il bénéficie aussi d’un remarquable niveau d’investigation journalistique.

NOTE : B.

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