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Toute vérité n'est que perception

Bolt disjoncte

Petit coup de gueule contre Usain Bolt qui a donné hier une très mauvaise image du sport lors de la finale du 100 mètres des championnats du monde d’athlétisme.

Usain Bolt aime parader. Il parade avant la course en toisant le public, les caméras de télévision et même ses adversaires moins doués que lui. Il parade après l’épreuve en toisant les mêmes ainsi que son chrono affiché sur grand écran. Et il parade y compris pendant la course tant sa marge de sécurité vis-à-vis de ses compétiteurs est grande. Hier encore, il parada, allant jusqu’à montrer ses adversaires en faisant des signes de dénégation pour indiquer à la caméra qu’ils n’avaient aucune chance de le battre.

On pourrait ainsi croire qu’Usain Bolt aime davantage parader que courir. S’il y avait un championnat du monde des paradeurs, il écraserait davantage encore la concurrence qu’il ne le fait déjà sur 100 et 200 mètres. Mais, quand Usain Bolt parade, la classe de l’athlète naturel qu’il a toujours été s’efface pour laisser place à la morgue du garçon trop vite arrivé au firmament qu’il ne sera (peut-être) pas toujours.

Usain Bolt – (CC) Thor Matthiasson

On peut en effet espérer que la mésaventure qu’il a vécue hier matin lui servira de leçon et lui remettra les idées en place. Cela l’aidera certainement à étoffer davantage son palmarès que s’il n’avait pas réalisé ce faux départ et à enjoliver la perception que le grand public peut avoir de lui et du sport de haute compétition en général.

Le sport incarne avant tout, à mes yeux, une valeur de respect. Un compétiteur de haut niveau doit respecter ses adversaires qui, comme lui, travaillent sans relâche pour améliorer leurs performances et prennent le risque de s’engager dans des compétitions et donc d’échouer. Il doit respecter le sport dans lequel il concourt, lequel a une histoire dont il est au mieux un acteur. Il doit respecter le public qui le regarde pratiquer son art et qui n’a pas la chance d’avoir – ou d’exprimer – son talent. Il doit respecter ses sponsors qui lui permettent de gagner sa vie. Enfin, il doit se respecter lui-même.

C’est tout cela qu’Usain Bolt perd trop souvent de vue et qu’il a plus que jamais oublié hier matin quand, son faux départ accompli, il refusa de s’exprimer auprès des journalistes, se moquant de ceux qui le suivaient pour recueillir sa réaction. C’est le même athlète qui se servait jusque-là des journalistes pour construire sa gloire et sa fortune.

Usain Bolt était déçu, certes. Mais il n’avait fait aucun effort. Combien de grands sportifs, réellement professionnels eux, se sont soumis à l’exercice souvent ingrat de l’interview après avoir bataillé des heures durant pour finalement voir la victoire leur échapper d’un rien ?

Usain Bolt, lui, ne s’est même pas battu avant d’échouer. Ou si, il s’est battu tout seul. A force de passer sa vie à parader et à manquer de respect à tout le monde, il a voulu commencer sa parade trop tôt, devançant ainsi l’appel du starter.

Comme d’autres avant lui, il a l’opportunité d’inverser la perception de rejet qu’il provoque chez beaucoup en redevenant humain dans l’échec, en y trouvant cette maturité que l’enfant gâté qu’il était jusqu’à présent n’a pas su acquérir.

Dans sa détresse hautaine, hier matin, le frimeur était comme enveloppé d’un frimas.

Puisse-t-il s’en extraire en vrai héros de son sport à la dimension humaine désormais digne de sa valeur athlétique. Puisse-t-il communiquer sur les efforts que requiert une performance de haut niveau, sur le respect qui est dû par le vainqueur aux perdants et puisse-t-il ainsi donner l’image que son sport mérite qu’il véhicule.

Son faux départ sera alors un vrai commencement.

4 commentaires sur “Bolt disjoncte”

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Quid de ceux qui disent que ce “faux départ” était volontaire pour laisser briller son pote Blake?
Quid du relativisme culturel/social qui veut que l’on puisse, peut-être, attribuer son comportement à une volonté de “faire le show” pour le public, et au contraire, de dynamiser sa discipline et sa médiatisation, faire plaisir, faire rigoler les amateurs de l’esprit un peu “show-off” des jeunes des Caraïbes, des jeunes ‘blacks’ du monde entier?
Même si je comprend votre point de vue, et peux même tendre à le partager parfois, je n’ose pas arriver à votre conclusion trop péremptoire à mon goût bien que compréhensible. 🙂 On est tous différents, on réagit tous différemment et heureusement!

Chère Delphine, je suis d’accord avec vous sur le fait que des différences culturelles puissent créer des incompréhensions et que Bolt puisse vouloir faire le show pour promouvoir sa discipline.
Cependant, il y a à mes yeux des valeurs universelles – celles que j’évoquais dans mon article – qui dépassent cette double considération, au premier rang desquelles le respect.
C’est ce qui a motivé mon petit coup de gueule.
Mais il y a in fine un aspect positif au cirque d’Usain Bolt : c’est que, plus je le vois, plus j’apprécie Christophe Lemaitre. 🙂
Voilà bien un signe que nos différences nous enrichissent…
Xophe

D’ordinaire je suis quasiment toujours en ligne avec tes analyses mais sur Usain Bolt, je crains que tu ne te trompes. Oui, il fait le show-man (comme d’ailleurs plusieurs de ses concurrents hier soir au départ de la finale du 100 m) mais ce n’est pas par arrogance ou mépris. Je ne sais pas si tu as vu la semaine dernière, le très complet reportage de France 2 sur la vie d’Usain Bolt mais cela éclaire le personnage. Il a compris que dans un monde de marketing, il fallait se donner une consistance. Alors, il assure le “fun” car c’est de surcroît sa personnalité.
Son faux départ de Séoul et la montée en puissance de son jeune compatriote Blake montre bien qu’il n’est pas imbu de lui-même. Sinon il n’aurait jamais su trouver les ressources pour corriger son erreur de faux départ.
Pour nous Français, je conçois qu’il puisse irriter car dans l’Hexagone, on préfère les Poulidor ou les humbles. Mais Usain Bolt n’est pas par exemple ce parangon de frime et d’orgueil qu’est le footballeur Cristiano Ronaldo.
Allez bonne fin de JO et vive Christophe Lemaitre sur 200 !

Cher Olivier,
Je n’apprécie pas Usain Bolt pour les mêmes raisons que tu n’apprécies pas (plus que moi) Cristiano Ronaldo. Cela n’a rien à voir avec l’amour des Français pour les losers à la Poulidor mais avec l’amour de certaines valeurs du sport (travail, respect de l’adversaire, volonté de toujours donner le meilleur de soi-même…) que Bolt n’incarne pas à mes yeux.
Dernière double illustration en date : après son deuxième titre olympique sur 100 mètres, il a acquiescé sur Twitter aux propos d’un journaliste de CNN le qualifiant de légende (incidemment, le compte Twitter de Bolt le décrit comme “l’athlète le plus naturellement doué que le monde n’ait jamais vu”) et a donné une interview dans laquelle il a révélé avoir mangé un McDo avant la course. Il ajouta : “ne me jugez pas”. Bref moment de lucidité.
Imaginerais-tu Federer, Phelps ou Riner se comporter comme Bolt ? Non parce qu’eux incarnent les valeurs que j’aime dans le sport. Fort heureusement, la consistance marketing ne vient pas seulement de la frime.
Je suis d’accord avec toi que la montée en puissance de Blake a été la meilleure chose qui pouvait arriver à Bolt – l’obligeant à continuer de travailler – mais il n’y est pour rien. Cela ne démontre donc pas qu’il ne soit pas imbu de lui-même, caractéristique dans laquelle, pour moi, il le dispute à Ronaldo.
A mes yeux, Bolt n’est pas un exemple pour les jeunes sportifs. Et c’est regrettable car c’est l’un des athlètes les plus visibles de la planète.
Amicalement.
Xophe

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