18 octobre 2012 | Blog, Blog 2012, Marketing | Par Christophe Lachnitt
Newsweek, tigre de papier
Le magazine américain a annoncé aujourd’hui qu’il mettrait un terme à son édition papier à la fin de cette année. Quelles leçons pour la presse écrite ?
Il ne subsistera qu’une publication en ligne qui sera renommée “Newsweek Global” et couvrira l’ensemble de la planète – contrairement à la version papier qui était déclinée en plusieurs éditions continentales. “Newsweek Global” sera accessible par abonnement payant sur ordinateurs et tablettes.
Comme le rappelle le site web du New York Times ce soir, la diffusion payante de Newseek est passée de 3,2 millions d’exemplaires en 2001 à environ 1,5 million actuellement. Les pertes financières annuelles du magazine s’élèveraient à 40 millions de dollars. Le site d’information The Daily Beast (fusionné avec le site de Newsweek) attire, lui, plus de 15 millions de visiteurs uniques par mois, soit une augmentation de 70% de son trafic en un an.
La fusion de Newsweek et du Daily Beast avait été réalisée en 2010. L’annonce de ce jour représente donc un échec deux ans après cette opération – à moins qu’elle ait constitué depuis l’origine la stratégie non-dite de Tina Brown, la patronne de l’entité fusionnée.

(CC) Steve Webel
Cette annonce semble aussi remettre en cause le modèle d’intégration entre papier et web mais ce point est plus discutable. En effet, l’approche de Newsweek n’était pas la même que celle d’autres groupes de presse – The New York Times et The Wall Street Journal en particulier – qui parviennent à développer un modèle d’activité conjuguant édition papier et édition web payante après un certain nombre d’articles consultables gratuitement.
Newsweek, de son côté, voulait combiner une édition papier avec un site web gratuit et déjà très développé avant sa fusion avec le magazine. En outre, ledit site Internet intégrait certains contenus éditoriaux de Newsweek. La stratégie était donc très favorable au Daily Beast, incidemment fondé par Tina Brown, et ne peut pas être considérée comme un exemple reproductible dans beaucoup d’autres cas.
Il n’en reste pas moins que cette nouvelle disparition d’un grand représentant du journalisme américain repose une question fondamentale pour la presse écrite : son métier consiste-t-il à produire du journalisme ou à produire du papier ?