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Communication.Management.Marketing

Toute vérité n'est que perception

La leçon de management prodiguée par la Ryder Cup

La dynamique mentale qui permit aux Européens de l’emporter sur le fil dans une édition historique va au-delà de l’esprit d’équipe.

L’esprit d’équipe des Américains fut porté par le patriotisme que l’on connaît d’habitude aux représentants des Etats-Unis. Cet état d’esprit fut notamment incarné par un Bryson DeChambeau au bord des larmes, le troisième jour, dans une interview au cours de laquelle il expliqua que rien, dans sa carrière, pas même une victoire en Grand Chelem, n’égalait ce qu’il ressentait à jouer pour son pays.

Ce patriotisme, malheureusement, fut aussi la raison des débordements de certains membres de l’organisation et du public à l’égard de l’équipe européenne en général et de Rory McIlroy, son leader, en particulier. Le génial joueur nord-irlandais fut, trois jours durant, le souffre-douleur des Américains.

Ainsi l’influenceuse choisie pour animer la présentation des joueurs chaque matin entraîna-t-elle le public, le deuxième jour, à chanter des insultes contre lui (“fuck you, Rory”, sic), et ne revint pas le troisième jour. Quant à la majorité respectueuse du public, elle fut dépassée par une horde d’énergumènes qui harcelèrent Rory McIlroy et jetèrent même une bière au visage de son épouse. Le Nord-Irlandais nota d’ailleurs que le public américain passa plus de temps à insulter les Européens qu’à encourager les siens.

On fut loin de “l’étiquette” censée régir le golf et du trophée Nicklaus-Jacklin qui met en exergue le joueur de la Ryder Cup ayant fait montre de la plus grande sportivité.

Rory McIlroy – Image créée avec ChatGPT et Midjourney – (CC) Christophe Lachnitt

Dans ce contexte, les Européens firent preuve, à Bethpage (Etat de New York), comme à Rome deux ans plus tôt, de leur amitié et non seulement de leur esprit d’équipe. Contre l’équipe américaine, les Européens furent une communauté. Les Américains eurent en commun le sens conféré par l’amour de leur nation. Les Européens furent animés par l’amour entre eux.

L’amour est le plus fort des sens, dans les deux acceptions du terme.

Le symbole de cette différence entre Américains et Européens se retrouve au final dans le score : les Européens dominèrent les deux journées de doubles (foursomes et fourballs), les Américains survolèrent la journée des simples. Entre eux, il n’existe pas d’amitié équivalente à la fraternité qui unit les Européens.

John McEnroe raconta récemment sur le podcast d’Andy Roddick que, en 1984, Jimmy Connors et lui n’échangèrent pas un mot durant la campagne de Coupe Davis. Ils perdirent en finale 1-4 contre la Suède de Mats Wilander. Les golfeurs américains n’en furent pas là, de loin, mais leur individualisme les perdit mêmement que les deux frères ennemis gauchers de la balle jaune.

Pour conclure, je voudrais noter qu’aucun drapeau européen, autre que celui représenté sur le logo de la Ryder Cup, ne fut arboré par l’équipe européenne pendant la compétition et lors de la célébration de sa victoire. C’est regrettable pour le fédéraliste européen que je suis.

Mais c’est aussi, paradoxalement, une leçon de fédéralisme : l’équipe dont la somme fut supérieure à ses parties fut celle qui n’est pas (encore) une fédération, et non la fédération des Etats-Unis.

Superception est un média consacré aux enjeux de perception à travers la communication, le management et le marketing dans le contexte de l'intelligence artificielle. Il comprend un blog, une newsletter et un podcast. Il a été créé et est édité par Christophe Lachnitt.

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