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Toute vérité n'est que perception

Les intervieweurs politiques, sentinelles citoyennes

Si les intervieweurs politiques ne posent pas les questions qui fâchent aux hommes politiques, qui le fera ?

Mitt Romney, l’ancien businessman et gouverneur du Massachusetts, va participer dimanche prochain à sa première interview dans l’un des “Sunday Shows”, ces émissions que toutes les grandes chaînes américaines consacrent à la politique le dimanche matin – contrairement à ce que l’on observe en France en effet, la télévision américaine considère encore la politique comme un sujet digne d’intérêt. C’est la première fois depuis mars 2010 que le candidat à la primaire républicaine s’expose ainsi dans l’une de ces émissions sacro-saintes outre-Atlantique. Et encore, il n’a pas pris le plus grand risque : il participera en effet à “Fox News Sunday”, l’émission de la très conservatrice Fox News.

Avec la multiplication des chaînes télévisées et l’explosion des sites communautaires et des médias sociaux sur Internet, il est de plus en plus aisé, pour un candidat à une élection politique, de se soustraire aux questions gênantes. Jusqu’à présent Romney a ainsi évité – à de très rares exceptions –  tout échange incontrôlé avec les médias. C’est aussi une manière pour lui de ne pas trop dépendre de l’actualité qui dicte 24 heures sur 24 la couverture médiatique des primaires.

Ce faisant, il pense pouvoir mieux délivrer son message de fond aux citoyens sans être questionné sur les aléas de la campagne. Mais il donne également l’impression de vouloir échapper à une confrontation avec les journalistes et donc de ne pas être suffisamment sûr de lui. Les électeurs en viennent à se demander si, redoutant une interview avec un journaliste, il serait prêt à affronter Barack Obama dans un débat.

A cet égard, la dernière interview en date de Mitt Romney, déjà sur Fox News, s’est mal passée (voir vidéo ci-dessous). Interrogé par Bret Baier sur ses nombreux changements d’idées politiques à travers le temps, il s’est agacé et a apporté une réponse très peu convaincante. Or ses multiples revirements constituent la principale faiblesse de Romney dans l’optique de la primaire républicaine car ils instillent un doute dans l’esprit des électeurs sur la sincérité de ses positions conservatrices.

A 41 and, Bret Baier s’affirme comme l’un des meilleurs intervieweurs politiques américains. Il présente quatre qualités essentielles à mes yeux : (i) il ne cherche pas à briller mais à poser les bonnes questions, (ii) il ne fait pas semblant d’être agressif sur la forme tout en étant trop tendre sur le fond, (iii) il connaît ses dossiers et (iv) il écoute davantage qu’il ne parle.

Ces qualités lui ont permis de déstabiliser Mitt Romney – qui a commis une erreur de débutant en n’étant pas mieux préparer à répondre à une question sur ses revirements politiques – et Barack Obama (il y a un an et demi). L’impact de l’interview de Romney avec Baier a d’ailleurs conduit l’équipe du candidat à repenser sa stratégie médiatique afin de l’exposer davantage aux questions des journalistes, à commencer par l’interview qu’il donnera donc à “Fox News Sunday” dimanche prochain. En mars 2010, Obama avait lui aussi été agacé par l’insistance de Baier à poser des questions incisives sur sa réforme du système d’assurance-maladie (voir vidéo ci-dessous).

Interviewé récemment par Politico, Bret Baier a expliqué son approche journalistique : “La chose que j’essaie de faire le plus est d’écouter. J’ai toujours respecté la manière dont Tim Russert (l’ancien présentateur de “Meet the Press”, l’émission politique du dimanche matin de NBC, décédé en 2008) menait ses interviews : il était non seulement très bien préparé avec énormément d’informations et de citations de la personne qu’il avait en face de lui mais il écoutait et changeait ses questions en fonction des réponses de son interlocuteur afin d’approfondir un sujet”.

Baier est encore loin du niveau de Russert mais il a choisi à mon avis le meilleur modèle qui soit : Tim Russert était le journalistique que j’admirais le plus au monde.

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