20 juin 2012 | Blog, Blog 2012, Communication | Par Christophe Lachnitt
La leçon de perception de Robert Redford
Parler pour ne rien dire est-il efficace ?
Dans le cadre d’une interview accordée au magazine américain Outside, Robert Redford a donné son avis sur les problèmes de communication de Barack Obama et de ses amis Démocrates :
“C’est un problème de récit*. Le Parti démocrate a une bonne histoire mais ils ne savent pas la raconter. En face, les Républicains n’ont pas d’histoire mais ils la racontent de manière très claire et tonitruante. Or les gens écoutent plus le chien qui aboie bruyamment que le chat qui miaule“.
Fervent sympathisant démocrate, Robert Redford pose là un problème aussi ancien que la communication : vaut-il mieux avoir un message pertinent ou un porte-voix puissant ?
Cette question devient naturellement plus aiguë avec le développement sans limite du flux d’informations auxquelles nous sommes exposés chaque jour. Pour émerger du bruit médiatique ambiant, il faut désormais généralement faire des déclarations saisissantes – à même de saisir l’attention du grand public. Cela passe plus souvent par la provocation que par l’argumentation.
Cependant, il est aussi des raisons d’espérer. Les nouveaux médias – en particulier les réseaux sociaux – permettent en effet de faire éclore puis adopter massivement un message qui ne bénéficiait au départ d’aucun porte-voix. Internet peut ainsi être tout à la fois le vecteur du nivellement par le bas du discours public et le révélateur de contenus susceptibles de le révolutionner.

Robert Redford – (CC) Public Citizen
Plus généralement, je considère que, entre une bonne narration et une bonne histoire (pour reprendre la distinction opérée par Robert Redford), il faut souvent choisir entre l’impact à court terme et à long terme. La bonne narration d’une mauvaise histoire pourra avoir un effet immédiat sur le public ciblé mais n’inspirera pas sur la durée. A contrario, une bonne histoire mal racontée pourra, avec le recul, susciter des réflexions propres à mobiliser les gens.
Pensez aux discours prononcés par deux dirigeants : le premier est très énergique et animé mais ne dit rien d’intéressant sur le fond, alors que le second est timide et tout en retenue mais tient des propos passionnants. Il est probable que le premier recevra un meilleur accueil de son auditoire durant son discours mais que ses messages seront vite oubliés. Le second, en revanche, ennuiera sans doute son public mais l’influencera davantage par la suite.
Le chien aboie, le message passe. 🙂
* story-telling