Fermer

Ce formulaire concerne l’abonnement aux articles quotidiens de Superception. Vous pouvez, si vous le préférez, vous abonner à la newsletter hebdo du site. Merci.

Fermer

Communication.Management.Marketing

Toute vérité n'est que perception

Lecture : “Marissa Mayer And The Fight To Save Yahoo!” par Nicholas Carlson (2015, 368 pages)

Le combat pour sauver Marissa semble souvent aussi actif que celui pour sauver Yahoo!

Nicholas Carlson est l’un des principaux journalistes du site Business Insider.

Marissa Mayer And The Fight To Save Yahoo!” raconte le magistère de Marissa Mayer à la tête de Yahoo! Le livre est consacré pour 40% à l’histoire de Yahoo! avant Marissa Mayer, 30% au parcours de Marissa Mayer avant Yahoo! et 30% à la gestion de Yahoo! par Marissa Mayer.

L’opinion générale, désormais, est que “même Marissa Mayer” ne parviendra peut-être pas à sauver Yahoo! C’est une manière de l’exonérer et d’exonérer, aussi et peut-être surtout, les innombrables observateurs et journalistes qui l’accueillirent comme Wonder Woman lorsqu’elle fut appelée à la tête du Groupe. Ce serait un point de vue pertinent si Marissa Mayer y avait défini et mis en oeuvre une stratégie brillante tout en réussissant un sans-faute managérial.

Mais la réalité n’est pas que “même Marissa Mayer” n’aurait pas pu sauver Yahoo! Elle est que l’ancienne cadre dirigeante de Google était peu qualifiée pour ce faire. En effet, comme “Marissa Mayer And The Fight To Save Yahoo!” le montre, elle a fait preuve des trois déficiences que j’avais soulignées lors de sa nomination il y a deux ans et demi :

  • j’écrivais alors que “Yahoo! avait besoin d’un stratège et a choisi un spécialiste produit“. Le livre met en exergue son incapacité à articuler une vision pour l’Entreprise, son absence de logique dans l’acquisition de 36 sociétés, son errance entre développement dans les médias et création de nouveaux services numériques et même son erreur stratégique dans la recherche sur Internet, pourtant son point fort étant donné son parcours au sein de Google ;
  • Yahoo! avait besoin d’un spécialiste des médias et a choisi un ingénieur” : après avoir subi plusieurs échecs dans les services web, Mayer voulut développer, à l’encontre de ce pour quoi elle avait été recrutée (mais en ligne avec la stratégie que je recommandais pour le Groupe il y a deux ans et demi), la position de Yahoo! dans les médias. Carlson nous montre comment sa méconnaissance de cette industrie la conduit à s’y fourvoyer à la fois en matière de programmation de contenus et de ventes publicitaires ;
  • Yahoo! avait besoin d’un leader et a choisi une star” : le livre raconte son comportement de starlette, son manque absolu de respect pour ses collaborateurs directs et les équipes du Groupe, son excès de micromanagement omniscient, son manque de courage managérial dans la gestion des coûts fixes de l’Entreprise, ses recrutements et promotions catastrophiques ainsi que son incapacité à faire fructifier l’état de grâce que son aura médiatique lui avait assuré à ses débuts au sein de Yahoo!

De ce fait, Marissa Mayer a gâché les deux années et demie de tranquillité boursière que lui assuraient mécaniquement l’appréciation continue de la participation de Yahoo! dans le géant du web chinois Alibaba et l’augmentation consécutive du cours de l’action YHOO.

Le chiffre d’affaires de l’Entreprise n’a pas progressé malgré que Mayer ait dépensé 1,3 milliard de dollars en croissance externe. Sur le plan opérationnel, le développement de Yahoo! dans le mobile est tout sauf impressionnant et ses autres initiatives sont souvent stériles. Résultat, la valorisation du coeur de l’activité de l’Entreprise – sans prendre en compte sa participation dans Alibaba – a décliné depuis l’arrivée de Marissa Mayer.

Celle-ci est l’une de mes cibles régulières sur Superception où j’équilibre, parfois un peu bruyamment, le concert de louanges qui accompagne chacun de ses faits et gestes. Mon attachement à Yahoo! me fait regretter d’avoir, semble-t-il, eu cette fois raison.

In fine, alors même que son ouvrage constitue un réquisitoire sévère contre son héroïne, Carlson le conclut en reprenant le credo corporatiste de la Silicon Valley : si même Marissa Mayer ne peut pas sauver Yahoo!, peut-être l’ancienne icône du web est-elle une cause perdue.

C’est possible. Mais il est dommage que son Conseil d’Administration, par ses fautes professionnelles à répétition dans le choix de ses dirigeants successifs, n’ait pas donné à Yahoo! et ses parties prenantes une plus grande chance de s’en sortir.

Marissa Mayer And The Fight To Save Yahoo

Quoi qu’il en soit, “Marissa Mayer And The Fight To Save Yahoo!” est un récit très vivant, extrêmement bien informé et assez analytique de l’évolution de Yahoo! depuis sa création.

La première partie, qui concerne les vingt premières années du Groupe, est d’ailleurs au moins aussi passionnante que celle qui a trait à la gestion de Marissa Mayer. Elle montre en effet le déclin, d’abord imperceptible puis inexorable, d’une entreprise qui était, à une époque, la porte d’entrée de tous les internautes sur le web.

Note : B.

Ajouter un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

Remonter

Logo créé par HaGE via Crowdspring.com

Crédits photos carrousel : I Timmy, jbuhler, Jacynthroode, ktsimage, lastbeats, nu_andrei, United States Library of Congress.

Crédits icônes : Entypo