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Communication.Management.Marketing

Toute vérité n'est que perception

La cohérence, condition essentielle de la confiance dans les managers

Démonstration avec le plus mauvais dirigeant du sport mondial.

Il y a quelques jours, le Président du PSG, Nasser al-Khelaïfi, donnait une interview retentissante au magazine France Football. Après une nouvelle saison marquée par des résultats et un comportement désastreux de son club eu égard aux moyens engagés, il y tint un discours autoritaire :

Les joueurs vont devoir assumer leurs responsabilités encore plus qu’avant. […] Je veux des joueurs fiers de porter notre maillot, pas des joueurs qui font le job quand ça les arrange. Ils ne sont pas là pour se faire plaisir. Et s’ils ne sont pas d’accord, les portes sont ouvertes. Ciao. Je ne veux plus voir de comportement de stars. […]

[Mbappé] souhaite être davantage impliqué dans notre projet pour grandir avec l’équipe, le club. Mais je lui ai expliqué que les responsabilités, ça ne se demande pas. Il faut aller les chercher, parfois même les arracher. On n’attend pas, on provoque. Comme il est très intelligent, je suis sûr qu’il a compris. […]

Je veux des joueurs prêts à tout donner pour défendre l’honneur du maillot et à s’inscrire dans le projet du club. Ceux qui ne veulent pas, ou qui ne comprennent pas, on se voit et on se parle. Il y a bien sûr des contrats à respecter, mais la priorité désormais est l’adhésion totale à notre projet. […] Personne n’a obligé [Neymar] à signer ici. Personne ne l’a poussé. Il est venu en toute connaissance de cause pour s’inscrire dans un projet“.

Nasser al-Khelaïfi – (CC) Christophe Pelletier

Le problème majeur de ces déclarations est leurs multiples incohérences :

  • le dirigeant parisien en appelle à la rigueur et l’exigence au quotidien, alors qu’il s’est souvent conduit à l’égard de ses joueurs comme un fan plutôt que comme un patron et leur a livré une oreille complice lorsqu’ils voulaient se plaindre de leur entraîneur ;
  • il revendique des joueurs responsables, alors qu’il leur a jusqu’à présent accordé une totale immunité, chouchoutant par exemple Serge Aurier après qu’il eut insulté publiquement son entraîneur, assistant à la fête d’anniversaire de Neymar pourtant organisée toute la nuit, deux années de suite, quelques jours avant un match majeur en Coupe d’Europe et autorisant (ou laissant autoriser) le décalage des séances d’entraînement du matin à l’après-midi pour faire plaisir à sa star brésilienne et le départ de celle-ci en vacances, contre l’avis de son coach, plusieurs jours avant le reste de l’équipe (ce dernier incident s’est déroulé moins d’un mois avant l’entretien avec France Football) ;
  • il fait l’éloge du mérite, alors qu’il n’occupe son poste qu’en raison de son amitié avec l’émir du Qatar, propriétaire du PSG, et que, au vu de ses résultats depuis huit ans, il aurait été démis de ses fonctions dans tout autre club ;
  • il rejette les comportements de star, alors qu’il se comporte lui-même en diva, pensant pouvoir assumer toutes les responsabilités associées aux titres qu’il empile sur sa carte de visite bien que les titres de gloire s’additionnent moins vite sur son CV que les soupçons de la Justice. En outre, il divise pour mieux régner au sein du PSG afin d’en être le seul maître sans se soucier de l’intérêt du collectif qu’il encadre ;
  • il demande le respect du club, alors que le Qatar, depuis son acquisition de celui-ci en 2011, n’a eu de cesse d’en nier l’histoire, affaiblissant l’institution qu’il proclame désormais vouloir faire prévaloir ;
  • cette exigence de respect est d’autant plus contradictoire qu’elle est exprimée sur un ton méprisant et condescendant qui ne reflète pas une grande estime du Président pour ses joueurs. Ce n’est pas en les rabaissant publiquement qu’il va leur inspirer de la loyauté pour l’entreprise qu’il dirige. Le respect est toujours réciproque.

Les avertissements de Nasser al-Khelaïfi s’apparentent donc aux déclarations du patron d’un casino de Las Vegas qui vanterait les principes de vie amish. Ils bénéficient, comme tous les propos, du poids que leur locuteur leur confère par sa pratique.

De fait, la cohérence est la condition de la crédibilité. Cette règle cardinale du leadership a d’ailleurs été une nouvelle fois confirmée par une étude sur la confiance menée récemment par le cabinet de consultants en management Zenger/Folkman à partir de l’analyse des évaluations à 360 degrés1 de 87 000 cadres dirigeants.

L’équipe de recherche identifia ainsi trois ressorts de la confiance dans les managers :

  • les relations interpersonnelles positives qu’ils développent ;
  • leur discernement et leur expertise ;
  • la cohérence entre leurs paroles et leurs actes.

L’importance de ce dernier élément se traduit par un écart de 17 points entre les niveaux de confiance respectifs suscités par les leaders qui en font preuve et ceux qui ne le démontrent pas.

S’il veut vraiment faire progresser le PSG, Nasser al-Khelaïfi sait désormais par où commencer.

1 C’est-à-dire réalisée par leurs supérieurs, collaborateurs et pairs.

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