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Toute vérité n'est que perception

Le sport comme école du leadership

Récemment, plusieurs grands champions (Simone Biles, Lewis Hamilton et Patrick Mahomes) nous ont prodigué des leçons de leadership. Kylian Mbappé, lui, en a donné une involontaire.

Commençons par la plus grande de tous (malgré son mètre 42), Simone Biles. La semaine dernière, elle conquit un sixième titre de championne du monde au concours général de gymnastique avec plus d’un point et demi d’avance sur celle qui avait décroché la médaille d’or l’an dernier en son absence, battit le record du nombre de médailles olympiques et mondiales engrangées en carrière (hommes et femmes confondus), enleva les médailles d’or dans la moitié des finales par appareil et perdit les autres avec un sourire éclatant. C’est peut-être ce dernier accomplissement qui fut son plus grand à Anvers. Anvers, la ville où elle remporta son premier titre de championne du monde il y a dix ans. Anvers, un nom dont la consonance lui sied malheureusement si bien. C’est en effet envers et contre tout qu’elle a (sur)vécu jusqu’à présent : abandonnée par sa mère droguée, elle fut baladée, durant plusieurs années, de familles d’accueil en familles d’accueil avec une partie de sa fratrie avant d’être recueillie par son grand-père maternel et sa seconde épouse. Adolescente, elle fut violée par Larry Nassar, le médecin de l’équipe de gymnastique américaine, et utilisa ensuite sa notoriété pour représenter publiquement ses centaines de victimes et obtenir sa condamnation à la prison à perpétuité, ainsi que la réforme de la Fédération qui l’avait laissé commettre ses crimes. En 2021, la tension résultant de son rôle dans l’affaire Nassar et de la pression médiatique mise sur ses épaules (la personnalisation autour d’elle des Jeux olympiques de Tokyo atteignit un niveau peut-être inédit) résulta dans une “perte de figures”, une incapacité générée par l’excès de stress à se positionner dans l’espace qui l’obligea à se retirer. Elle utilisa alors de nouveau ses difficultés personnelles et sa notoriété au service des autres, cette fois en militant pour une attention accrue portée aux enjeux de santé mentale. A Anvers, le plus grand gymnaste de tous les temps et l’un des plus grands athlètes tous sports considérés, guéri de sa perte de figures, démontra qu’on peut se relever de tout, même de deux ans d’arrêt, pourtant une éternité dans ce sport. Simone Biles signala ainsi que le sens qu’il donne à son activité pour lui-même, et surtout pour les autres, est le meilleur viatique d’un leader.

Sir Lewis Hamilton, Simone Biles, Patrick Mahomes – (CC) Singapore Grand Prix, Getty Images

Tout comme Simone Biles, Sir Lewis Hamilton est l’un des plus grands champions de l’Histoire, toutes disciplines envisagées. Lui aussi a souffert, en particulier d’un incessant racisme, avant d’atteindre les sommets et de battre presque tous les records de la Formule 1. Ce qui m’a intéressé chez lui, ces derniers jours, est la modestie dont il fit montre à deux reprises. Tout d’abord, il expliqua que ses performances en essais qualificatifs étaient médiocres depuis deux saisons : “Mes résultats ont été nuls ces deux dernières années. Il faut que ça change. Soyons clairs, c’est terrible et bien en dessous de la moyenne”. Ensuite, dimanche, il s’excusa publiquement auprès de son équipe pour avoir provoqué un accident avec son coéquipier, et ce sans se chercher la moindre excuse. Un leader ne se croit pas infaillible car il recherche en permanence à s’améliorer. Dès qu’il se satisfait de ses réalisations, il renonce à se surpasser. Sa soif d’excellence est supérieure à son ego.

Le troisième exemple de leadership nous est prodigué par Patrick Mahomes, le joueur de football américain le plus talentueux de sa génération (et de beaucoup d’autres) qui, “any given Sunday”, accomplit l’impossible sur les terrains de l’Amérique. Lui aussi bat record après record et électrise les foules par ses exploits. Sa leçon a trait à l’idée de “servant leadership” selon laquelle un leader doit se mettre au service de ses subordonnés pour les aider à donner leur meilleur. Patrick Mahomes, qui est à la fois le leader des Kansas City Chiefs du fait de sa position de quarterback et aussi celui de son sport dont il est la plus grande star, se met au service de ses partenaires. Durant l’intersaison, il organise ainsi des camps d’entraînement avec les nouveaux receveurs (les joueurs avec lesquels il doit avoir la relation la plus intuitive durant les matches) afin de les aider à s’intégrer au sein du club et à comprendre sa manière de jouer. Et, lorsque son équipe perd, son jeune leader en assume la responsabilité et affirme qu’il est de son devoir de rendre la vie plus facile à ses receveurs pour qu’ils performent mieux.

Malheureusement, ces trois qualités de leadership – incarnation d’un sens, modestie dans sa quête d’excellence et “servant leadership” – ne sont pas (encore) manifestées par Kylian Mbappé. L’astre du PSG, bien qu’il ne fasse pas gagner son équipe au plus haut niveau depuis six ans, exige que l’ensemble du club soit à son service, voire à ses pieds. Il se considère au-dessus des tâches défensives sur le terrain comme d’une élémentaire solidarité avec les salariés de son club en dehors du rectangle vert. Désormais, il revendique non seulement des joueurs recrutés pour le faire briller mais il impose même que le club enrôle ses amis. Il veut toutes les responsabilités, en équipe de France comme au PSG, mais ne les assume pas lorsque son équipe perd, comme ce fut le cas la semaine dernière à Newcastle : il fut de nouveau incapable, dans la difficulté, de rallier ses troupes au combat et fut loin de donner l’exemple à cet égard, étant passif dans la déroute. Pourtant, depuis cette funeste soirée anglaise, on n’a pas entendu Kylian Mbappé faire son autocritique et assumer son double échec individuel en tant que joueur et leader. Comme toujours, l’enfant trop gâté se considère à l’abri de tout reproche et n’est jamais insatisfait que d’autrui, ce qu’il montre d’ailleurs trop souvent sur le terrain vis-à-vis de ses partenaires. Ce n’est certainement pas un hasard si, lorsque ses coéquipiers furent sondés à bulletins secrets pour désigner le capitaine du PSG, il se classa quatrième dans les votes de ceux qu’il prétend guider et surplomber de son talent. Involontairement, Kylian Mbappé nous donne une leçon de leadership : un rôle de leader ne se décrète pas, il se mérite.

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