14 juillet 2012 | Blog, Blog 2012, Management | Par Christophe Lachnitt
Un manager est-il conservateur par nature ?
C’est la question fondamentale que posent deux citations glanées dans mes lectures hier soir.
La première est de l’analyste industriel Horace Dediu, auteur du remarquable blog Asymco sur les communications mobiles : “Le leadership gère le changement alors que le management est focalisé sur l’évitement du changement“.
La seconde est le fait de l’auteur américain de la première moitié du vingtième siècle Upton Sinclair : “Il est difficile de faire comprendre quelque chose à un individu lorsque son salaire dépend du fait qu’il ne le comprenne pas“.
Ces deux citations sont très complémentaires : la seconde explique la première. Souvent, en effet, les managers sont les premiers remis en cause par un changement que le leader d’une organisation – qu’elle soit publique ou privée – impulse. Ils sont remis en cause dans leur statut, dans leur credo, dans leurs habitudes et dans leur légitimité.
Le leader, paradoxalement peut-être, est moins menacé par le changement dont il est l’initiateur. Le changement qu’il encourage peut parfois constituer une remise en cause profonde pour lui aussi mais le fait qu’il soit à l’avant-poste de la démarche le préserve d’une partie des risques associés précités : il renforce son statut, son credo et sa légitimité en étant à l’origine d’une évolution qui le (re)met au centre du jeu et il peut plus facilement changer ses habitudes en dirigeant la réforme plutôt qu’en la subissant.
C’est pourquoi la meilleure solution pour les managers qui sont au centre d’un changement mis en oeuvre par le leader de leur organisation est de devenir le plus rapidement possible les acteurs de ce changement, meilleure manière pour eux de reprendre l’initiative dans le domaine opérationnel comme dans le champ symbolique.
Ainsi que l’indiquent pertinemment ces deux citations, tout manager a effectivement une part de conservatisme – expression de son instinct de survie – ancré en lui. En politique, le meilleur antidote au conservatisme est parfois la révolution. Pour le manager, c’est toujours le cas.