14 juillet 2011 | Blog, Blog 2011, Communication | Par Christophe Lachnitt
Effeuilleuse ou sérieuse ?
La dernière sortie médiatique de Sarah Palin – en une de Newsweek – confirme la perception à laquelle l’ancienne gouverneure de l’Alaska semble attachée. Et, contrairement à ce qu’elle doit penser, ce n’est pas du tout séduisant.
Sarah Palin est l’un des acteurs du monde politique américain qui a connu l’ascension la plus rapide de tous les temps, étant propulsée il y a trois ans par John McCain du poste obscur de gouverneur de l’Alaska à la candidature à la vice-présidence. Elle a des qualités que beaucoup d’hommes et de femmes politiques rêveront toute leur vie de posséder – en particulier un charisme et une capacité à attirer l’attention médiatique. Elle a également une confiance en elle-même et un toupet inébranlables qui lui permirent notamment de gagner le débat des candidats à la vice-présidence contre Joe Biden, pourtant bien plus armé qu’elle pour triompher sur le fond.
Comme Palin semble préférer la forme au fond, attardons-nous d’abord sur la forme de cet article et, en particulier, sur les photos qui l’accompagnent : poses lascives, buste en avant et taille fine fièrement exposée, on est plus près d’une campagne de publicité vantant les mérites d’une marque de vêtements pour femmes actives que d’une candidate potentielle à la Maison-Blanche.
Sur le fond, Palin fait usage de ses généralités favorites qui, contrairement à l’une des affirmations de son époux dans l’article, ne démontrent en rien qu’elle soit qualifiée pour diriger le pays. Palin serait certainement élue Miss Cougar America haut la main mais, pour la Maison-Blanche, il faudra qu’elle soit plus sérieuse et que, ce faisant, elle prenne ses concitoyens davantage au sérieux. Incidemment, je ne suis pas convaincu non plus que les photos dans lesquelles Palin se complaît – la couverture de Newsweek de novembre 2009 sur laquelle Palin figurait déjà était du même acabit – soient le meilleur service qu’elle rende à la légitimité des femmes en politique.
Palin sait qu’elle sera d’autant plus intéressante qu’elle n’aura pas annoncé sa décision quant à une éventuelle candidature. Je suis personnellement convaincu qu’elle ne sera pas candidate. En effet, je ne la crois pas assez stupide pour plonger dans une compétition où elle n’a aucune chance et où elle a plus à perdre en termes de crédibilité qu’à gagner en termes d’employabilité médiatique, in fine son meilleur viatique pour l’avenir.
Quoi qu’elle décide, Sarah Palin est un cas exceptionnel en matière de perception. Elle a réussi à construire une marque politique – combinaison de conservatisme Tea Party, de non-conformisme, de rébellion contre “l’establishment” et d’incarnation de certaines valeurs familiales américaines – relativement éloignée du bilan de son action réformiste à la tête de l’Alaska et dont la puissance est sans rapport avec son impact politique.
Au final, Sarah Palin est l’une des plus belles et des plus durables incarnations de l’adage selon lequel il est plus facile d’étonner que de convaincre.