20 septembre 2011 | Blog, Blog 2011, Management | Par Christophe Lachnitt
Nous sommes tous des héros… en puissance
Le 8 septembre 2009, Dakota Meyer, un caporal des Marines alors âgé de 21 ans, sauvait 36 soldats américains et afghans pris dans une embuscade talibane. Qu’avons-nous de commun avec ce héros ? Notre potentiel.
Durant six heures, le caporal Meyer alla cinq fois dans la zone ennemie pour récupérer ses camarades, essuyant d’innombrables tirs, tuant huit combattants talibans et étant lui-même blessé. Au-delà des vivants qu’il sauva d’une mort certaine, il prit aussi le risque supplémentaire de ramener à leurs familles quatre dépouilles de militaires décédés dans ce guet-apens.
Cet acte d’héroïsme fit de lui la semaine dernière le premier soldat des guerres d’Irak et d’Afghanistan à recevoir de son vivant la Medal of Honor, la plus haute décoration qui puisse être décernée à un militaire américain. Ainsi que l’expliqua Barack Obama dans son discours lors de la cérémonie organisée à cette occasion, il fallut presque forcer Dakota Meyer à recevoir cette distinction, tant sa modestie et son respect pour les soldats qu’il n’avait pas pu sauver le retenaient de se mettre en avant.

(CC) DVIDSHUB
Trois aspects m’ont intéressé dans cette histoire car ils ont trait aux problématiques de management :
- la culture du “héros” n’est légitimement pas mise en exergue dans les entreprises car le collectif doit y être exalté pour assurer le succès sur le long terme. En effet, pour paraphraser un proverbe africain, un “héros” peut aller plus vite mais une équipe va plus loin. Cependant, il me semble que nier totalement le rôle que peut jouer un individu pour débloquer une situation revient à occulter le fait que nous n’avons pas tous les mêmes talents. Le manager doit donc savoir de temps à autre s’effacer devant le “héros” qu’il compte au sein de son équipe. Or, en la matière, il est difficile de trouver plus noble modèle que Dakota Meyer et plus émouvante histoire que la sienne ;
- l’un des éléments les plus piquants de cet événement est que Dakota Meyer se lança dans son action héroïque en dépit des ordres contraires de sa hiérarchie, laquelle était inquiète du danger extrême de la situation. Le soldat Meyer défia les ordres mais accomplit, au risque de sa vie, ce qui lui semblait juste. Il expliqua ensuite qu’il ne se demandait pas s’il allait mourir lorsqu’il décida d’aller au secours de ses camarades ; il savait qu’il allait mourir. Mais il ne pouvait pas rester inerte et regarder ses frères d’armes perdre la vie. Certes, la désobéissance n’est pas une vertu – pas davantage dans l’univers corporate que dans l’armée – mais je crois que le respect de ses propres valeurs en est une ;
- cela m’amène à mon troisième point : nous n’aurons certainement pas la possibilité d’accomplir un acte aussi héroïque que le caporal Meyer mais nous avons tous la capacité et le potentiel d’être des héros du quotidien. Parfois, dans le monde de l’entreprise, il n’y a pas plus grand courage pour un collaborateur que de dire à son manager ce que ce dernier n’a pas envie d’entendre et pour le manager d’écouter son collaborateur. Avant d’ambitionner le destin exceptionnel de Dakota Meyer, essayons déjà d’être dignes de notre potentiel dans les situations plus ordinaires.
Nous n’aurons alors pas sauvé la vie d’autrui mais nous aurons peut-être donné une nouvelle dimension à la nôtre.