25 janvier 2012 | Blog, Blog 2012, Management | Par Christophe Lachnitt
Faut-il souffrir pour être un meilleur leader ?
C’est la question passionnante que pose un récent article du New York Times.
David Brooks, l’éditorialiste conservateur du quotidien new yorkais, a récemment commis un point de vue dans lequel il explore les qualités d’un leader politique dans l’optique de la primaire républicaine et de la future présidentielle.
Il y explique que “les grands leaders ont souvent connu de sérieux revers personnels. Cette expérience, qu’il s’agisse de la dépression de Lincoln ou de la poliomyélite de Franklin D. Roosevelt, leur donne non seulement un sens de la compassion à l’égard de ceux qui souffrent mais aussi un apprentissage personnel de la fragilité. De ce fait, ils sont plus résistants lorsque les choses ne vont pas dans leur sens. Ils savent aussi qu’ils dépendent des autres et qu’ils sont enclins à l’excès de confiance en eux-mêmes. Ils sont à la fois modestes, parce qu’ils ont été affaiblis, et offensifs, parce qu’ils savent combien il est difficile de changer quoi que ce soit“.
Autant le dire tout de suite, j’adhère complètement à la vision de David Brooks – intellectuellement et en raison de ma propre expérience. Tous les bienfaits de la souffrance évoqués par l’auteur de The Social Animal sont pertinents mais j’en mettrai un en exergue : les épreuves développent généralement le sens de l’empathie. Or on est toujours un meilleur leader lorsqu’on est plus emphatique et que l’on écoute davantage les autres, à commencer par ses collaborateurs.
J’ajouterai un autre bénéfice à la liste évoquée par David Brooks : vivre des épreuves vous fait relativiser les choses. A cet égard, j’ai toujours professé qu’investir toute son estime de soi dans son travail était la meilleure manière de prendre des décisions en fonction de son intérêt individuel et non de l’intérêt de son entreprise.
Cependant, on peut être un remarquable leader sans avoir subi des épreuves. Je ne citerai qu’un exemple, l’un des résidents de mon Panthéon personnel : Bobby Kennedy. Il fut sensible à la douleur des autres avant de vivre des épreuves personnelles terribles et marqua les esprits par sa capacité d’empathie malgré son extraction très favorisée.
Puis le double assassinat de son frère et de Martin Luther King le sublima, ce dernier drame lui faisant prononcer l’un des plus beaux discours (improvisés de surcroît) que je connaisse :