Du buzz ou de l’info ?

Un autre modèle de journalisme.

Le site web de FORTUNE s’est récemment intéressé à Jonah Peretti, le fondateur de BuzzFeed, un site de partage des contenus les plus en vogue sur Internet. La vision de ce jeune entrepreneur quant au futur du journalisme est très intéressante.

En effet, elle est fondée sur la conviction, que je partage et professe régulièrement sur Superception, que les contenus feront la différence dans le succès des médias de nouvelle génération. C’est pourquoi BuzzFeed ne repose pas uniquement sur des contenus générés par ses utilisateurs mais emploie aussi des journalistes. C’est une approche en radicale contradiction avec nombre de sites Internet qui, portés par la vague du Web 2.0, croient à la toute-puissance des contenus générés par les utilisateurs (les fameux “UGC”).

Jonah Peretti – (CC) Moth

FORTUNE relate même que, aux débuts de BuzzFeed il y a trois ans et demi, Peretti, un ancien cofondateur du Huffington Post, refusa l’argent d’investisseurs qui voulaient s’engager à ses côtés à la condition qu’il se concentre sur les contenus générés par ses utilisateurs. A contrario, il muscla son équipe éditoriale. L’un de ses recrutements les plus emblématiques – dont je parlai à l’époque sur Superception (lire ici) – fut celui de Ben Smith, l’un des journalistes les plus en vue du site d’actualité politique POLITICO.

En jouant à la fois sur des sujets très racoleurs et sur du journalisme politique de qualité croissante, BuzzFeed a presque doublé son nombre de visiteurs uniques – 11,5 millions au mois de septembre contre 6,5 millions un an plus tôt selon comScore. Comme le souligne pertinemment FORTUNE, ce résultat doit être comparé aux 18,7 millions de visiteurs uniques du site du Washington Post pour se rendre compte du poids pris par BuzzFeed dans la presse en ligne.

Avec BuzzFeed, ce qui change n’est pas tant le métier de journaliste que l’emballage des contenus journalistiques. L’innovation de BuzzFeed est donc avant tout marketing. Cela ne la rend pas moins intéressante pour autant.