21 février 2013 | Blog, Blog 2013, Communication | Par Christophe Lachnitt
La leçon de perception des radiologues
Voir vs. percevoir.
La radio américaine privée à but non lucratif NPR a récemment fait état sur son site Internet d’une étude très intéressante des chercheurs de l’Université de Harvard.
83% des radiologues qui durent analyser la radio pulmonaire reproduite ci-dessous afin d’y déceler d’éventuelles tumeurs cancéreuses ne virent pas le gorille situé en haut à droite du cliché. Alors qu’ils sont spécialisés dans la détection des signes de maladie les plus infimes, ils ne remarquèrent pas l’élément le plus évident qui se trouvait sous leurs yeux.
L’étude de l’Université de Harvard n’est pas sans rappeler – et l’utilisation du gorille est tout sauf un hasard – l’un des tests les plus célèbres consacrés à notre déficit de perception : en regardant la vidéo présentée ci-dessous, les participants doivent compter le nombre de passes que se font les joueurs (en blanc) d’une équipe de basketball. Dans la moitié des cas, ils ne voient pas le joueur déguisé en gorille qui fait irruption sur le terrain et s’agite au milieu de ses camarades.
Malgré leur niveau de concentration, les radiologues sont sujets au même déficit, et ce bien qu’ils soient formés et expérimentés dans la pratique de l’exercice auquel ils sont soumis. En fait, c’est précisément leur concentration qui les empêche de voir le gorille sur la radio du poumon. Comme les personnes qui regardent la vidéo des joueurs de basket, ils sont si focalisés sur leur tâche que leur attention est imperméable à toute sollicitation qui n’y correspond pas. Ils cherchent autre chose qu’un gorille et ne le voient donc pas.
Ainsi que l’a écrit le scientifique et politicien britannique John Lubbock, “ce que nous voyons dépend principalement de ce que nous cherchons“. C’est exactement la même chose en matière de communication et de marketing : nos préjugés et biais perceptifs affectent significativement notre appréhension des messages qui nous sont présentés.
Il ne suffit pas de voir pour percevoir.