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Communication.Management.Marketing

Toute vérité n'est que perception

La leçon de marketing de Prince

A certains égards, le marketing est comme la musique.

C’est déjà le deuxième spectacle de Prince qui m’inspire un article pour Superception (lire ici et ici). Hier soir, j’ai eu l’énorme chance d’assister à l’un des concerts donnés par le prodige dans une petite salle.

Après avoir digéré le déluge de sensations déchaînées par ce show sans équivalent musical, je me suis dit que Prince nous donne une leçon de marketing, non pas du fait de sa campagne de promotion pour cette tournée mais du spectacle qu’il délivre.

Prince hier soir à Los Angeles où les photos étaient interdites à l'intérieur de la salle - (CC) Christophe Lachnitt

Prince hier soir à Los Angeles où les photos étaient interdites à l’intérieur de la salle – (CC) Christophe Lachnitt

Les fidèles de Superception savent que l’une des convictions fondamentales de ce blog est que toute activité de marketing, pour être efficace, doit passer par les émotions du public visé, qu’il s’agisse d’un individu ou d’une foule (lire ici).

Le risque est de penser qu’une émotion étant par définition subjective et difficilement saisissable, le marketing est un art éminemment aléatoire et peu professionnel : on ne définit pas de réelle stratégie, on prépare des actions et des programmes au feeling et on n’en mesure pas les effets. Je considère au contraire que le marketing est certes un art mais qui doit être mené comme une science.

Dans ce sens, Prince nous enseigne que c’est en étant rigoureux à l’extrême qu’on se donne les moyens de susciter les émotions les plus fortes. Aucun musicien n’est plus minutieux que Prince dans la préparation de ses concerts. L’une des meilleures illustrations de cette approche est la méthode employée par le génie de Minneapolis avec les musiciens qui l’accompagne.

Pour cette tournée de petites salles, il joue avec un trio de jeunes femmes – la canadienne Donna Grantis à la guitare, la danoise Ida Nielsen à la basse et l’américaine Hannah Ford à la batterie. Comme chaque groupe qui tourne avec lui, elles ont dû apprendre plus de 300 chansons car Prince aime improviser durant ses concerts et ne pas respecter une liste de morceaux préétablie. Elles doivent donc être prêtes, lorsque Prince joue quelques notes à la guitare ou au piano, à embrayer sur la composition qu’il a décidé de partager avec le public.

De même, Prince, qui est l’un des meilleurs multi-intrumentistes au monde, est-il très exigeant avec ses musiciens, dont il maîtrise souvent mieux qu’eux leur art. C’est ce qu’expliquaient Ford, Grantis et Nielsen dans une récente interview auprès de la presse américaine : la moindre imperfection est corrigée par le “maestro” avec une leçon particulière adaptée à chacun de leur instrument.

Il était d’ailleurs étonnant, hier soir, de voir Prince jouer de la guitare ou du piano avec ses deux mains et sembler diriger son petit groupe avec une troisième main et des signes discrets de la tête. Il était peut-être plus étonnant encore de voir l’extase créée par Prince auprès de l’un des publics les plus exigeants et les plus blasés au monde.

En marketing comme en musique, ce sont ceux qui laissent le moins de choses au hasard dans le domaine rationnel qui, in fine, suscitent les plus belles émotions.

4 commentaires sur “La leçon de marketing de Prince”

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Bonjour,
Je constate dans cet article votre quête de perfection absolue, retenons-y les
différents termes associés à votre artiste (préféré, je présume) : rigoureux, minutieux, meilleur, exigeant, maîtrise, maestro, leçon particulière adaptée… J’arrête là, tout le monde aura compris que vous étiez à la Grand-Messe (“l’extase”)!
La volonté d’amélioration extrême de soi (et des autres) traduit une volonté de toute puissance, qui par essence ne pourra jamais être satisfaite. cela a pour effet de condamner tout individu ayant cette croyance à une frustration permanente, où il est impossible de tirer le moindre bénéfice de ses privilèges.

Cher riphifhy,
C’est là une différence de vision de la vie entre nous.
Je considère pour ma part que le respect vis-à-vis de soi-même (i.e. des capacités dont on est doté) et des autres (à travers ce que l’on peut contribuer à la Société) implique de rechercher la perfection. C’est donc pour moi tout sauf une volonté de toute-puissance.
De même, cette quête ne condamne pas, à mes yeux, l’individu à la frustration mais, bien au contraire, au dépassement de ses propres limites et, partant, à de très grandes satisfactions personnelles.
Bon dimanche.
Xophe

Bonjour,
Vous vous interdisez donc tout échec, sous peine d’insatisfaction personnelle. Cette recherche de perfection est sans fin. De quelle perfection parle-ton, d’ailleurs? Au point de vue musical, c’est la maîtrise parfaite d’un ou plusieurs instruments, toucher le plus de gens possibles, faire le plus d’argent possible, le plus de concerts possibles, ou que sais-je encore? Cela n’a pas vraiment de sens. La recherche du “toujours plus”, on le voit dans tous les domaines de notre société, est génératrice de mal-être.
Je pense que le plus important reste la recherche de compromis, à titre individuel ou collectif. En qualité d’expert en communication et management, votre discours est surprenant, vous devez savoir que d’un point de vue professionnel, l’essentiel de la réussite de tout projet repose sur les interactions entre entités et entre individus, et la gestion de ces situations complexes ne peut par définition pas être parfaite. Il faut apprendre à nous accepter et assumer imparfaits, nous éviterons bien des dépressions. Et nous n’en serons que plus efficaces et compétitifs.
Salutations.

Contrairement à ce que vous m’attribuez (dans un esprit de compromis, certainement :-)), je n’ai jamais écrit m’interdire tout échec. J’essaie juste de faire de mon mieux. Incidemment, j’ai connu mon lot d’échecs, dont un a failli me tuer (http://www.amazon.fr/Christophe-Lachnitt/e/B00DW3JGV6/ref=sr_ntt_srch_lnk_1?qid=1378924194&sr=1-1), et je suis régulièrement en-decà de mes propres attentes. Mais ce n’est pas déprimant du tout, contrairement à ce que vous inférez. C’est la vie et elle serait bien ennuyeuse sans perspective de progrès…
Par ailleurs, je ne vois pas la moindre contradiction entre l’exigence vis-à-vis de soi-même et la recherche du compromis : l’une concerne la relation avec soi-même, l’autre la relation avec autrui. Et on est d’autant plus en paix avec les autres qu’on est en paix avec soi-même. Ma manière d’être en paix avec moi-même est d’être exigeant avec moi-même à mon très modeste niveau. A mes yeux, s’accepter comme imparfait ne veut pas dire renoncer à tout effort pour s’améliorer. Votre manière d’être en paix avec vous-même est différente.
Acceptez dans un esprit de compromis que, comme je le soulignais dans ma réponse précédente, nos approches sont dissemblables. Cela ne veut pas dire que l’une est meilleure que l’autre. La meilleure approche est celle qui convient le mieux à celui qui l’applique.
Xophe

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