21 décembre 2014 | Blog, Blog 2014, Communication | Par Christophe Lachnitt
De l’importance des questions posées dans les résultats des sondages d’opinion
Nouvelle démonstration de ce phénomène bien connu avec un sondage effectué aux Etats-Unis.
Une enquête d’opinion réalisée par The Kaiser Family Foundation – dont les résultats ont été relatés par The Washington Post – met en lumière l’énorme influence de la formulation des questions sur les réponses apportées par les citoyens.
Cette réaction est d’autant plus frappante que l’objet du sondage – la réforme du système d’assurance-maladie (“Obamacare“) menée à bien par Barack Obama – constitue outre-Atlantique un sujet très clivant au sujet duquel les opinions sont généralement tranchées.
Ainsi 64% des personnes interrogées affirment-elles avoir une opinion négative de l’obligation d’assurance-maladie imposée à chaque Américain (“individual mandate“) par la loi*. 35% seulement en ont une opinion favorable.
Cependant, lorsque la question posée fournit aux participants des informations supplémentaires (par exemple le fait que “la plupart des Américains bénéficient toujours d’une couverture par leur employeur ou par un programme d’assurance public et satisfont donc automatiquement à leur obligation légale sans avoir à contracter une assurance“), le taux d’opinions favorables passe à 62%.
A contrario, donner davantage de contexte aux sondés peut accroître leur opposition à la loi.
De fait, 38% d’entre eux sont défavorables à l’obligation faite par la loi aux entreprises de plus de 100 personnes d’assurer leurs collaborateurs ou de payer une amende (“employer mandate“). Mais, après que le sondeur a expliqué aux personnes favorables à cette obligation que “certaines entreprises font passer une partie de leurs collaborateurs d’emplois à temps plein à des emplois à temps partiel afin de ne pas payer d’amende“, le taux d’opposition à cette mesure s’élève à 68%.
Comme Jonathan Bernstein le notait sur BloombergView, il se peut que ces différences de points de vue s’expliquent aussi par la grande complexité de la réforme de l’assurance-maladie qui conduit les électeurs à la juger au prisme de leur opinion du Président Obama. 79% des Républicains se disent d’ailleurs défavorables à cette loi dans ce sondage alors que 69% des Démocrates l’approuvent.
Cet épisode nous rappelle combien la formulation des questions est importante dans les sondages. Incidemment, elle l’est encore plus, pour les mêmes raisons, lors des référendums dont les conséquences sont bien plus importantes que celles d’une simple enquête d’opinion.
* Les Américains qui ne contractent pas une assurance-maladie doivent désormais payer une amende.