18 avril 2015 | Blog, Blog 2015, Communication | Par Christophe Lachnitt
La presse américaine capitule devant le veau d’or
La Société américaine des éditeurs de magazines vient de réviser ses règles pour favoriser le développement de la publicité native*.
J’avais évoqué ses désormais anciennes directives dans l’article où j’avais critiqué, il y a deux mois, la décision prise par Forbes de faire figurer un appel sur sa Une pour une publicité native.
Elles recommandaient notamment, pour préserver la confiance des lecteurs dans l’indépendance éditoriale des groupes de presse vis-à-vis des annonceurs, de ne jamais faire figurer de publicité sur les couvertures des magazines. Cette précaution a disparu des nouveaux principes édictés par la Société.
De même, alors que l’ancienne stipulation affirmait “Ne demandez pas aux journalistes d’écrire des publicités“, le nouveau règlement est beaucoup plus vague à ce sujet.
Les dirigeants de la Société américaine des éditeurs de magazines soulignent que l’objectif du nouveau bréviaire est toujours de protéger la confiance des lecteurs dans les groupes de presse. C’est au mieux une figure rhétorique, au pire une tromperie.

(CC) Grant Hutchinson
En réalité, les magazines américains capitulent devant le veau d’or en atténuant plus encore la distinction entre journalisme et publicité.
Ce faisant, ils commettent une erreur et une faute en inversant la relation de causalité entre crédibilité et rentabilité. C’est une erreur car ce n’est pas en sapant la crédibilité d’un produit payant qu’on améliore sa rentabilité face à la concurrence d’offres gratuites. Et c’est une faute car la frontière entre journalisme et publicité est la même que celle qui sépare civisme et cynisme.
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* La publicité native se distingue par le fait qu’elle se fond dans le support concerné en termes de forme et d’emplacement, tous deux identiques à ceux des contenus non-commerciaux.