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Toute vérité n'est que perception

Pourra-t-on un jour effacer les perceptions négatives ancrées dans nos cerveaux ?

Les progrès scientifiques sur le traitement des souvenirs sont fascinants.

En 1999, Karim Nader, étudiant au sein de l’Université de New York, réalisa une expérience qui allait faire date dans l’évolution des neurosciences. Il entraîna des rats à s’attendre à recevoir un choc électrique après avoir entendu un bruit strident. Puis, vingt-quatre heures plus tard, il leur donna une drogue qui empêche les circuits neuronaux de produire de nouvelles protéines. Au lieu de se crisper après avoir entendu le bip annonciateur du choc, ils poursuivirent leur activité sans la moindre émotion. Cette expérimentation montre que les souvenirs ancrés dans notre cerveau peuvent être modifiés, voire éliminés.

Une autre scientifique, Merel Kindt, conduisit un test complémentaire, cette fois sur des êtres humains, au sein de l’Université d’Amsterdam. Elle donna des bêta-bloquants à des individus qui avaient de tout temps été effrayés par les araignées et leur peur disparut comme par enchantement. D’autres recherches menées aux Pays-Bas montrent que des thérapies par électrochocs spécifiques permettent également que les patients arrêtent de “reconsolider” leurs souvenirs.

(CC) Melina Hermsen

(CC) Melina Hermsen

Le Docteur Hank Greely, professeur en génétique au sein de l’Université de Stanford, estime ainsi que, d’ici dix ou vingt ans, on pourra localiser et détruire dans notre cerveau de mauvais souvenirs.

Les questions philosophiques et politiques posées par une telle perspective sont considérables. Nos souvenirs sont en effet au fondement de notre identité et la faculté de les altérer sur demande pourrait avoir des répercussions aussi, voire plus, importantes que les modifications génétiques que la science sera bientôt capable de réaliser. Sur le plan politique, on imagine l’exploitation qu’un régime totalitaire pourrait faire de ce progrès médical mais pas forcément moral.

Naturellement, on entrevoit également les aspects positifs, sur le plan personnel, d’une aptitude à faire le tri dans nos souvenirs. Tous ceux qui ont subi des traumatismes qui les freinent d’une manière ou d’une autre apprécieraient certainement d’en être débarrassés. J’adorerais par exemple effacer de ma mémoire le souvenir de la chute en alpinisme qui aurait dû me coûter la vie il y a quatorze ans. Sa trace phobogène continue de marquer certains instants de ma pratique de ce sport qui la font remonter des tréfonds de mon inconscient à la surface de ma conscience, soudainement aiguisée, du danger.

On pourrait aussi imaginer que les marques puissent mettre à profit cette possibilité pour effacer les mauvaises expériences vécues par leurs clients. Ainsi, Perrier, en 1990, aurait-il pu mettre sur le marché des boissons contenant la quantité idoine de drogue susceptible de faire disparaître chez les consommateurs le souvenir du benzène retrouvé dans certaines de ses bouteilles quelques semaines auparavant.

Le métier de dircom serait alors beaucoup plus facile mais beaucoup moins intéressant.

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