1 mars 2017 | Blog, Blog 2016, Management | Par Christophe Lachnitt
Leadership : l’expérience doit être un guide, pas un maître
Plaidoyer pour le management situationnel.
J’ai déjà critiqué sur le blog Superception l’approche de ces managers et dirigeants – on en connaît tous – qui appliquent dans une entreprise qu’ils rejoignent1 les principes stratégiques, tactiques opérationnelles et méthodes managériales qui leur ont réussi au sein de leurs employeurs précédents.
En effet, une entreprise est d’abord une communauté humaine qui, sans même évoquer la spécificité de ses marchés, se distingue de toute autre par sa raison d’être, ses valeurs, sa culture et la composition de son effectif.
C’est pourquoi le “copier-coller” managérial, pratiqué par des leaders en quête de succès censément garanti par des recettes éprouvées, est souvent une trompeuse sécurité. Comme lorsqu’il est utilisé en informatique entre des logiciels tiers, le “copier-coller” ne fonctionne pas toujours d’une entreprise à l’autre.
Ce constat ne signifie cependant pas que l’expérience soit inutile. Mais elle doit être un guide, pas un maître. Elle est bénéfique lorsqu’elle informe les décisions d’un dirigeant. Elle devient dangereuse pour lui lorsqu’elle dégénère en idéologie qui “pense à sa place” selon l’expression du regretté Jean-François Revel2.
Le meilleur remède contre cette dérive est l’intelligence situationnelle. C’est elle qui distingue les leaders des managers. Ceux-ci se mettent au centre de leur écosystème en se fiant excessivement à leur bagage cognitif. Ceux-là se mettent à l’écoute de leur écosystème et conjuguent expérience et expérimentation.
Pour autant, ils ne renoncent pas à leur essence managériale, c’est-à-dire à leurs valeurs. Mais ils prennent soin d’appliquer celles-ci en harmonie avec le corps social dans lequel ils opèrent. Pour ce faire, ils s’intéressent sincèrement à leurs équipes : c’est l’autre aspect bénéfique du management situationnel que de mettre le dialogue au centre du leadership.
Expérience, expérimentation et expansivité : la triple recette des leaders qui ne veulent pas manager ex cathedra.
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1 Incidemment, les entreprises, minoritaires, qui ne sont pas adeptes du “copier-coller” dans leurs recrutements n’embauchent pas des professionnels aux profils et/ou expériences différents de ceux de leurs collaborateurs pour voir leurs nouvelles recrues répliquer en leur sein sans discernement les méthodes qui ont produit des résultats sous d’autres cieux corporate. Elles recherchent plutôt des personnes qui peuvent mettre leurs parcours individuels à profit pour les enrichir d’une nouvelle perspective dépassant la simple photocopie.
2 Enoncée dans un contexte politique.