Fermer

Ce formulaire concerne l’abonnement aux articles quotidiens de Superception. Vous pouvez, si vous le préférez, vous abonner à la newsletter hebdo du site. Merci.

Fermer

Communication.Management.Marketing

Toute vérité n'est que perception

Des ravages éthiques et productifs de la culture de l’excuse

Illustration avec deux grandes équipes sportives.

J’ai regardé ces derniers jours la nouvelle édition de “Drive To Survive“, la série de Netflix consacrée à la Formule 1. Elle relate la dernière saison en date qui vit, dans les derniers tours du dernier grand prix, Lewis Hamilton se faire voler par le directeur de course le huitième titre de champion du monde qu’il avait conquis de haute lutte. Michael Masi, l’auteur de cette escroquerie sportive, fut d’ailleurs démis de ses fonctions depuis lors.

Au-delà de ce dénouement final, ce qui m’a le plus frappé dans “Drive To Survive” est l’attitude des principales figures de l’équipe Red Bull : Christian Horner, son patron, Helmut Marko, le conseiller de celui-ci, et leurs deux pilotes, Max Verstappen et Sergio Perez. S’il ne me viendrait pas à l’idée de remettre en cause leurs compétences, on ne peut qu’être sidéré par leur manque absolu de sportivité. Ils ne sont que haine et mépris pour leurs rivaux de Mercedes qu’ils vilipendent et insultent à longueur de journée et dont ils refusent de reconnaître le moindre mérite. Ils les accusent de tous les maux, se disculpant de leurs propres dérives. Ils vont même jusqu’à affirmer, contre l’évidence des faits, que l’écurie Mercedes n’est jamais sanctionnée lorsqu’elle ne respecte pas le règlement1.

La réaction des deux pilotes stars au terme des deux derniers grand prix illustre bien les approches respectives de Mercedes et Red Bull. Après la course de Jeddah, remportée par Lewis Hamilton, Max Verstappen ne le félicita pas. A la fin du grand prix d’Abou Dhabi, qui donna pourtant lieu à l’un des plus grands scandales de l’histoire du sport, Lewis Hamilton alla féliciter Max Verstappen pour sa victoire, imité quelques instants plus tard par son père, Anthony Hamilton, qui congratula chaudement le jeune pilote hollandais et son père. Les vaincus firent montre du respect et de la classe dont les vainqueurs furent incapables, n’ayant alors aucun mot de considération pour leurs rivaux. On n’ose imaginer ce qui serait advenu si la situation entre Red Bull et Mercedes avait été inversée à Abou Dhabi.

L’arrogance des hommes de Red Bull est fondée sur une culture de l’excuse : ils veulent gagner à tout prix et estiment que, pour ce faire, tout leur est permis. Ils n’ont aucun égard pour les valeurs du sport, pour leurs adversaires et pour le grand public auquel ils donnent un déplorable exemple. Ils gagneraient à s’inspirer de champions aux palmarès encore plus fournis que le leur qui, comme Rafael Nadal par exemple, n’oublient jamais leurs principes de vie.

La culture de l’excuse de Red Bull est regrettable sur le plan moral mais elle n’empêche pas l’équipe de gagner. Il est un autre exemple, dans le sport actuel, qui nous donne à voir une culture de l’excuse gage d’impuissance. Vous l’aurez sûrement deviné, il concerne le Paris Saint-Germain.

Depuis la prise de contrôle du Qatar, ce club est construit sur l’idée que ses dirigeants et ses premiers actifs, ses joueurs, sont infaillibles. Les leçons des échecs successifs ne sont jamais tirées et les responsables des débandades sont toujours identifiés ailleurs qu’au sein de l’équipe. Il est plus confortable d’accuser des acteurs externes au club que de questionner ses décisions de recrutement, son état d’esprit ou la forme physique et la motivation de ses joueurs.

Ce fut encore le cas il y a deux semaines après la déroute contre le Real Madrid : Nasser Al-Khelaifi, le Président du PSG, et Leonardo, son directeur sportif, incriminèrent l’arbitrage de manière injustifiée et déraisonnable, allant jusqu’à commettre des violences – verbales et, semble-t-il, physiques – dans le vestiaire des hommes au sifflet après le match. Quand on ne respecte pas les autres, on finit par ne pas se respecter soi-même.

En définitive, la culture de l’excuse empêche tout accomplissement total. Red Bull ne sera jamais reconnue comme une icône de son sport, un honneur qui se fonde davantage sur des valeurs que sur le fait d’être les meilleurs. Quant au PSG version Qatar, il sera longtemps étudié dans les écoles de management comme une faillite de leadership.

Les dirigeants de Red Bull et du Paris Saint-Germain devraient réfléchir à l’une de mes citations favorites, un conseil de la grande poétesse Maya Angelou : “Si vous n’aimez pas une situation, changez-la. Si vous ne pouvez pas la changer, changez votre attitude“.

C’est une recette que toutes les organisations gagneraient à adopter pour passer d’une culture de l’excuse à une culture de la responsabilité et ainsi servir leur performance autant que leur conscience.

1 C’est d’autant plus frappant que Max Verstappen semble capable de sportivité à l’égard d’autres écuries et pilotes comme le montra son attitude envers Charles Leclerc dimanche dernier. Le pilote hollandais a en outre l’excuse de la jeunesse, alors que Christian Horner semble vraiment détestable.

Ajouter un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

Remonter

Logo créé par HaGE via Crowdspring.com

Crédits photos carrousel : I Timmy, jbuhler, Jacynthroode, ktsimage, lastbeats, nu_andrei, United States Library of Congress.

Crédits icônes : Entypo