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Communication.Management.Marketing

Toute vérité n'est que perception

Plaidoyer pour une pensée moins précipitée

La triple révolution numérique, sociale et mobile a radicalement accéléré notre rapport à l’information.

L’illustration la plus flagrante de ce phénomène réside dans le fait que nous consultons les notifications qui s’affichent sur nos smartphones davantage que nous ne lisons les articles qu’elles signalent à notre attention. De fait, notre capacité à être au courant d’un nombre sans précédent de sujets d’actualité va logiquement de pair avec une incapacité, à moins de renoncer à notre activité professionnelle et nos loisirs, à tous les approfondir.

Cette absence de fonction de tri à la réception entraîne une suppression croissante des filtres encadrant notre émission. Notre accoutumance à un fonctionnement cognitif de plus en plus rapide, pour ne pas dire bâclé, ne peut en effet concerner la seule consommation de contenus. Elle influe également sur notre expression qui devient de plus en plus précipitée. Nous avons ainsi tendance à immédiatement donner notre avis sur tout, voire à formuler tout ce qui nous passe par la tête, sans égard pour la rigueur de notre raisonnement ou la douceur de nos relations.

Le mauvais exemple nous est donné depuis quelques années par les dirigeants politiques1 qui raccourcissent sans cesse l’horizon de leur parole publique afin de s’adapter à l’instantanéité de la couverture médiatique2. Aujourd’hui, il me semble que cette dérive commence à toucher le monde de l’entreprise. Elle risque d’y dégrader le niveau des échanges et, partant, la qualité de la prise de décisions et la vigueur de l’esprit d’équipe.

(CC) Kevin Stanchfield

Cet avilissement du débat résulte également de l’avènement de ce qu’il est convenu d’appeler la “Société du selfie“. Considérez que, entre 1948 et 1989, la proportion d’adolescents américains qui se considèrent comme “une personne très importante” est passée de 12% à 79%. Imaginez ce qu’elle doit être aujourd’hui. Or le règne du tout à l’ego risque de jeter à l’égout la dimension communautaire sans laquelle, de la famille à la Nation, nos Sociétés ne peuvent survivre.

Il est donc temps que nous (ré)apprenions à avoir la sagesse de réfléchir plutôt que de réagir, le courage de penser contre soi3 plutôt que contre les autres et la bienveillance d’écouter plutôt que d’écourter les conversations auxquelles nous prenons part.

Ainsi, de même que l’accélération de notre consommation de contenus a précipité notre expression, le ralentissement de celle-ci freinera-t-elle celle-là.

1 La pratique de Donald Trump constitue dans ce domaine un symptôme aigu et non la maladie elle-même.

2 Couverture médiatique au sens large, c’est-à-dire dans les médias d’information et sur les réseaux sociaux.

3 Selon la recommandation du philosophe Alain (“réfléchir, c’est nier ce que l’on croit“).

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