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Management : la force de la faiblesse

La vulnérabilité est un vecteur de leadership insuffisamment employé.

André Gomes est un joueur de football portugais auquel son talent (et son travail) vaut de jouer au sein de son équipe nationale et du FC Barcelone qu’il a rejoint à l’été 2016.

Gomes a eu du mal à s’intégrer dans ce club au jeu si particulier et exigeant et à la pression sportive et médiatique si forte. Il n’a pas réussi à s’y imposer et est en perte de confiance.

Il y a quelques jours, il s’est exprimé à ce sujet dans les colonnes du magazine espagnol Panenka :

Je ne me sens pas bien sur le terrain, je ne profite pas du tout. Les six premiers mois se sont très bien passés mais les choses ont rapidement commencé à changer. Peut-être que les mots choisis ne vont pas être les bons mais cela a commencé à être l’enfer pour moi. J’ai commencé à avoir beaucoup plus de pression.

Je me suis enfermé. Je ne me permets pas de me débarrasser de la frustration que j’ai. Donc ce que je fais c’est que je n’en parle à personne, je n’embête personne. C’est comme si je me sentais gêné. Il m’est arrivé plus d’une fois de ne pas vouloir quitter la maison. Par peur du regard des gens, j’avais peur d’aller dans la rue par honte“.

Il faut un courage singulier pour un joueur professionnel qui a fait l’objet d’un transfert important vers l’un des trois plus grands clubs de football au monde de livrer publiquement sa faiblesse et se livrer ainsi aux moqueries des supporters dans les stades et sur les réseaux sociaux, au risque de perdre davantage encore sa confiance en lui-même.

L’initiative d’André Gomes fut récompensée hier soir lors du premier match qu’il joua depuis ses propos, la rencontre de Ligue des Champions entre Barcelone et Chelsea dans le Camp Nou, l’antre du club catalan. A son entrée sur le terrain, il bénéficia d’une ovation digne de celles d’ordinaire réservées à Lionel Messi et entendit ensuite son nom être scandé par tout le stade.

Outre la formidable intelligence du public barcelonais, cet épisode illustre les bienfaits de l’admission de notre vulnérabilité.

(CC) CyberHades

En premier lieu, celle-ci nous rend plus sympathiques. C’est ce que démontre l’effet Pratfall (“bourde” en anglais) découvert en 1966 par Elliot Aronson, un chercheur en psychologie de l’Université de Harvard.

Avec son équipe, Elliot Aronson conduisit l’expérimentation suivante : il enregistra un acteur jouant un candidat qui répond à une série de questions. L’acteur, doté à l’avance des informations requises, répond correctement à presque toutes les questions.

Deux versions de l’enregistrement furent diffusées à des panels de volontaires auxquels il fut ensuite demandé d’évaluer le degré de sympathie du candidat. Dans l’une, celui-ci se renverse un peu de café sur lui à la fin du test, dans l’autre pas. Les volontaires trouvèrent la personne maladroite plus sympathique.

Comme le note Elliot Aronson,

Sa bourde permit au candidat d’être perçu comme plus attachant car elle le rendit plus accessible, moins austère et plus humain“.

En outre, l’admission de notre vulnérabilité est gage de confiance.

C’est ce que nous enseignent les travaux de Jeff Polzer, professeur de gestion des ressources humaines au sein de l’Université de Harvard, présentés par le journaliste Danny Coyle dans son dernier livre, “The Culture Code: The Secrets of Highly Successful Groups“.

Jeff Polzer explique que :

Les gens ont tendance à envisager la vulnérabilité de manière sentimentale alors que ce n’est pas le sujet. Il s’agit d’envoyer un signal vraiment clair sur le fait que vous avez des faiblesses et que vous pourriez bénéficier d’une aide.

Si ce comportement devient un modèle pour les autres, vous pouvez mettre de côté vos insécurités respectives et commencer à vous faire confiance et vous entraider. En revanche, si vous n’avez jamais ce moment de vulnérabilité, les gens essaieront de camoufler leurs faiblesses et vos insécurités se manifesteront dans chaque micro-tâche“.

La relation entre confiance et vulnérabilité est donc inverse de celle que nous considérons d’habitude : c’est l’exposition de notre vulnérabilité qui crée la confiance et non la confiance avec autrui qui favorise l’exposition de notre vulnérabilité. Cela constitue une leçon inestimable pour tous les managers.

La condition de ce processus positif est le courage de ceux qui, à l’instar d’André Gomes, exposent leur vulnérabilité. On dit souvent que, pour admettre ses déficiences, il faut une grande confiance en soi. Je crois que cette admission est plus belle encore lorsqu’elle résulte d’une grande confiance en autrui.

Elle fait alors d’une faiblesse individuelle une force collective.

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