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Communication.Management.Marketing

Toute vérité n'est que perception

La responsabilité d’un leader ne se limite pas aux décisions qu’il prend

“The proof is in the pudding” comme disent nos amis britanniques.

Depuis la chute du régime de Kaboul, Joe Biden affirme que sa décision d’ordonner aux troupes américaines de quitter l’Afghanistan le 31 août dernier était la meilleure possible et refuse le moindre questionnement sur le déroulement de cette évacuation.

Lors d’un discours prononcé pour acter la fin de ce départ, il explicita cette position :

J’assume cette décision“.

Il ne déclara pas qu’il assumait la responsabilité de la situation. La seule chose qu’il assume est sa décision, quelles que soient ses conséquences. Peu importe que quelques centaines de citoyens américains et des dizaines de milliers d’Afghans ayant soutenu l’Amérique ces dernières années (y compris le propre interprète de Joe Biden qui le sauva après un accident d’hélicoptère) n’aient pas pu sortir du pays désormais dirigé par les Talibans, que treize militaires américains et un très grand nombre d’Afghans innocents aient été tués au cours de cette opération, que les alliés des Etats-Unis aient été tenus à l’écart de l’organisation de celle-ci après avoir combattu à leurs côtés pendant près de vingt ans et que des monceaux d’équipements militaires américains aient été laissés aux Talibans.

Aux yeux de Joe Biden, sa responsabilité se limite aux décisions qu’il prend. Il n’est pas comptable de leur mise en oeuvre. C’est une vision très étonnante du leadership qui revient à ne se sentir responsable ni des équipes qui servent sous ses ordres ni de la culture qu’il instille dans leurs rangs ni de la supervision de l’application de ses décisions. Dans cette approche du management, un patron ne doit pas obtenir des résultats ; il doit juste avoir raison.

Joe Biden – (CC) Evan Vucci, AP

Incidemment, le Président américain n’assuma même pas complètement son choix relatif à l’Afghanistan, expliquant dans le même discours :

La décision de mettre fin aux opérations militaires de transport aérien depuis l’aéroport de Kaboul était fondée sur la recommandation unanime de mes conseillers civils et militaires – le secrétaire d’État, le secrétaire à la Défense, le chef d’État-Major interarmées et tous les chefs d’Etat-Major des armées, ainsi que les commandants sur le terrain“.

En écoutant cette défausse, on ne pouvait que penser à deux des illustres prédécesseurs de Joe Biden à la Maison-Blanche. Une célèbre anecdote dépeint ainsi Abraham Lincoln concluant un vote unanime de son cabinet contre une décision par un entérinement de ladite mesure du fait de son seul vote en sa faveur. Quant à Harry Truman, il popularisa la formule “the buck stops here” (“je suis le seul responsable”) qu’il exposa même sur son bureau.

Les leaders qui, comme Joe Biden, se refusent à assumer leurs responsabilités au-delà des décisions qu’ils prennent occultent la réalité soulignée par un autre chef d’Etat : Mustafa Kemal Atatürk enseignait ainsi que “celui qui doit appliquer une décision a en fait davantage de pouvoir que celui qui l’a prise“. Ceux qui se désintéressent de l’application de leurs arbitrages accomplissent donc cette prouesse de rejeter la faute sur leurs subordonnés tout en ignorant le pouvoir qu’ils leur accordent.

En réalité, une bonne décision mal mise en pratique peut-elle être considérée comme vraiment pertinente ?

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