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Communication.Management.Marketing

Toute vérité n'est que perception

L’informatique ambiante, prochaine frontière de l’IA ?

L’IA générative la rend possible, à condition d’inventer l’appareil idoine pour la faire fonctionner.

Le concept d’informatique ambiante dessine un avenir dans lequel les technologies informatiques – au sens large du terme – seront intégrées de manière transparente et omniprésente dans notre quotidien. Il induit que les humains qui en bénéficieront interagiront avec ces technologies de manière naturelle et invisible sans même y penser car elles communiqueront intuitivement avec leurs propriétaires selon les codes cognitifs et parfois émotionnels de ces derniers.

Longtemps, ce concept fut associé au développement d’objets connectés à Internet qui devaient simplifier la communication entre les humains et leurs équipements familiers. L’histoire des nouvelles technologies retient notamment les dispositifs expérimentaux initiaux – distributeur de canettes de Coca-Cola de l’Université Carnegie Mellon (1982), grille-pain Sunbeam Deluxe Automatic Radiant Control de John Romkey (1990), machine à café Trojan de l’Université de Cambridge1 (1991) -, puis les premiers produits grand public à succès – réfrigérateur intelligent LG (2000), Fitbit Tracker (2009), thermostat Nest (2011), Stick-Up Cam Ring (2015) et, bien sûr, Apple Watch (2015).

Dans ce bref rappel historique, je n’ai pas inclus deux applications qui, à mon sens, occupent une place à part : Siri (2011) et Alexa (2014). En effet, elles ont montré à la fois le potentiel et les limites de l’intelligence artificielle pour faire advenir l’informatique ambiante. Leur potentiel tenait à leur fonctionnement qui, pour la première fois, laissait entrevoir un mode de communication homme-machine conversationnel et à leur intégration dans des équipements courants (smartphones, enceintes, casques, ordinateurs, télévisions…) : le double objectif d’interaction naturelle et invisible semblait donc atteignable. Pour autant, Alexa et Siri mirent aussi en lumière les limites de l’intelligence artificielle de l’époque dans la compréhension des humains (utilisation de phrases codées pour échanger avec elles, inaccessibilité à l’environnement de leurs utilisateurs) et les réponses apportées à leurs sollicitations (incapacité de réellement improviser).

L’intelligence artificielle générative présente le potentiel indéniable de pallier ces deux déficiences. C’est pourquoi, demain, nous aurons tous un assistant personnel individualisé, doté d’une intelligence artificielle, qui nous assistera dans nos vies personnelle et professionnelle en étant dédié à notre bonheur et notre succès et en ayant accès à toutes les données que nous lui donnerons pour réaliser nos objectifs. Nous pourrons lui demander des informations factuelles mais aussi des conseils. Nous pourrons brainstormer avec lui mais aussi partager nos sentiments (excitation, frustration…) pour mieux les réguler.

Illustration réalisée avec DALL-E 3

Il reste donc à traiter l’enjeu de l’interface qui favorisera une interaction naturelle et invisible avec cet assistant. Le smartphone souffre à cet égard d’une faiblesse évidente : il ne nous est pas toujours accessible car il est souvent rangé dans une poche de vêtement ou un sac et, pour la même raison, il n’a pas accès à notre environnement. En outre, un smartphone ne peut pas (encore) être opéré avec des commandes uniquement vocales et il n’est pas sûr que toutes ses applications puissent jamais l’être. Utiliser un smartphone est donc un acte intentionnel qui ne correspond pas aux prémisses de l’informatique ambiante. C’est la raison pour laquelle l’application vocale de ChatGPT, malgré ses capacités sans commune mesure avec celles d’Alexa et Siri, ne relève pas de cette catégorie.

C’est ici qu’interviennent les passionnants développements en cours que je recense hebdomadairement dans la Newsletter Superception. Le plus étonnant est le “Rewind Pendant”, un collier qui capture ce que son propriétaire dit et entend durant une journée, lui permettant de résumer celle-ci à l’aide d’une intelligence artificielle. Un collier, au contraire d’un smartphone, a accès à l’environnement visuel et sonore de son propriétaire et résout donc l’un des problèmes évoqués ci-dessus. Mais il en crée un autre qui concerne le respect de la vie privée des personnes que ledit propriétaire rencontre ou croise durant ses activités quotidiennes. Le fondateur de Rewind a répondu aux nombreuses interrogations que son dispositif a générées depuis son lancement dans une vidéo qui est loin de proposer des solutions satisfaisantes pour que personne ne soit enregistré sans son consentement : si elles étaient appliquées, elles remettraient en cause l’intérêt du système tel qu’il fut initialement présenté. Mais, comme le dit l’adage, il faut laisser sa chance au produit et reconnaître le mérite des innovateurs qui prennent le risque de se confronter aux questions épineuses que présentent des applications aussi inédites. Rewind Pendant est disponible en pré-commande pour 59 dollars et avec une formule d’abonnement. Son intérêt pourrait, dans un premier temps, concerner les patients atteints de troubles de la mémoire.

Plus intéressantes, même si elles ne sont pas exemptes d’enjeux de respect de la vie privée, sont les lunettes intelligentes récemment présentées par Meta en collaboration avec Ray-Ban. Elles sont infiniment plus intelligentes que leurs devancières (e.g. Google Glass introduites en 2013, Spectacles de Snap lancées en 2016) et proposent un cas d’usage plus naturel que tous les autres objets “wearables” envisagés jusqu’à présent dans l’optique de la continuité d’utilisation et de l’accès à l’environnement de son détenteur qui sont consubstantiels à l’informatique ambiante. A cet égard, elles représentent probablement un meilleur équilibre entre performances et ergonomie que le casque Vision Pro d’Apple : des lunettes constituent une interface plus naturelle et invisible, pour reprendre les deux critères que j’ai posés dans le propos liminaire de cet article, qu’un casque de réalité étendue (XR).

Enfin, ce tour d’horizon ne serait pas complet sans évoquer l’Ai Pin, développé par des anciens collaborateurs d’Apple, qui a créé un buzz considérable grâce à quelques impressionnantes démonstrations réalisées | lors d’événements retentissants. L’Ai Pin doit être lancé prochainement et présente a priori un potentiel technologique et applicatif considérable. Mais il faudra attendre qu’il soit disponible pour évaluer sa capacité à compléter et, un jour, remplacer nos smartphones.

Il est possible, voire probable, que l’équipement qui permettra l’avènement de l’informatique ambiante et de nos assistants personnels de nouvelle génération n’existe pas encore : plus de dix ans se sont ainsi écoulés entre l’émergence de l’Internet grand public et l’invention de l’iPhone qui lui conféra toute sa puissance. A cet égard, les explorations menées par OpenAI, l’inventeur de ChatGPT, et Jony Ive, l’un des inventeurs de l’iPhone, promettent d’être captivantes.

1 Elle intégrait la toute première webcam de l’Histoire.

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