23 avril 2011 | Blog, Blog 2011, Management | Par Christophe Lachnitt
C’est Bill Gates qui a permis à Sergey Brin et Larry Page de créer Google !
Une anecdote sur Google nous prodigue une leçon cruciale pour la compétitivité de la France.
Le département au sein duquel Sergey Brin et Larry Page ont étudié à Stanford était localisé dans un bâtiment flambant neuf dont la conception et la construction avaient été financées par Bill Gates sur ses deniers personnels dans la plus pure tradition américaine de philanthropie des grandes figures de l’industrie à l’égard des universités.
Bill Gates n’imaginait certainement pas lorsqu’il le finança que ce complexe abriterait les études de Brin et Page et la création de ce qui deviendrait l’un des ennemis les plus mortels de Microsoft. Brin et Page développèrent en effet à Stanford sur les ordinateurs de leur département d’études informatiques les deux systèmes qui sont au coeur du moteur de recherche de Google – PageRank et BackRub. Bill Gates incubateur de Google sur ses fonds propres, qui l’eut cru ?
Cette anecdote – tirée du livre de Steven Levy, In The Plex: How Google Thinks, Works, and Shapes Our Lives paru il y a quelques jours – nous rappelle avec ironie que les relations entre l’industrie et l’enseignement supérieur sont fondamentales pour le développement de l’innovation et la préparation de l’avenir non seulement des entreprises qui mènent cette politique mais aussi de leur pays. Ainsi Bill Gates n’a pas forcément aidé Microsoft en favorisant la création de Google – et encore cela se discute car la concurrence aide à progresser – mais il a certainement permis une création de richesse et d’avantage compétitif majeurs pour les Etats-Unis.
Dans ce pays, les relations entre les mondes de l’industrie et de l’enseignement ne sont pas mineures. Je me souviens par exemple avoir appris lors d’une visite à Stanford que chaque professeur de l’université est obligé de travailler un jour par semaine dans le privé – être membre de Conseils d’Administration, aider des start-ups à se développer, diriger sa propre entreprise… Le Président de Stanford siège lui-même aux Conseils d’Administration de Cisco et Google. Stanford et la Silicon Valley ne seraient d’ailleurs pas ce qu’elles sont si celle-là n’était pas localisée au milieu de celle-ci.
C’est une vraie faiblesse pour notre pays que ces échanges permanents d’idées, de personnes et d’investissements entre les entreprises et les instituts d’enseignement constituent un domaine où la France enregistre toujours un retard considérable – essentiellement pour des raisons de perception culturelle des rôles respectifs du manager et de l’éducateur.