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Toute vérité n'est que perception

Obama à contre-emploi et à contretemps

Beaucoup croyaient que l’élimination de Ben Laden allait résoudre la majorité des problèmes de perception de Barack Obama. Il n’en est rien.

L’opération menée par les forces américaines au Pakistan a donné à Barack Obama ses lettres de noblesse comme chef des armées (“Commander in Chief”). Mais cela ne suffit pas à positionner idéalement le dirigeant démocrate pour l’élection présidentielle de novembre 2012*, et ce pour deux raisons :

  • la faiblesse supposée d’Obama pour assumer le leadership sur la sécurité des Etats-Unis est, sur le plan électoral, un débat caduc depuis trois ans. Cet argument fut en effet au coeur de la double campagne qu’Obama remporta pour accéder à la Maison-Blanche. Au cours de la primaire démocrate, tout d’abord, Hillary Clinton joua et surjoua de cette thématique, en particulier à travers la fameuse publicité “3 heures du matin” dans laquelle elle se présentait comme la plus expérimentée pour répondre à une crise survenant à l’autre bout du monde alors que l’Amérique dort profondément. Puis, lors de la présidentielle, Obama affronta John McCain, l’un des leaders américains qui, de par son expérience personnelle (il fut détenu et torturé au Vietnam pendant cinq ans), véhiculent le mieux une perception de compétence en matière de défense nationale. Obama vainquit ces deux poids lourds. C’est donc que le peuple américain lui avait donné quitus de sa capacité dans ce domaine ;
  • le vrai défi d’Obama pour 2012 est économique. Plus précisément, il tourne autour de l’emploi. Si le taux de chômage ne décline pas significativement dans les prochains mois par rapport à son niveau actuel (9%), la position d’Obama sera très périlleuse malgré son succès militaire. Il se retrouvera alors dans la même situation que George H. W. Bush, dont la cote de popularité était au plus haut après le succès éclair des Américains et de leurs alliés dans la première Guerre du Golfe mais qui trébucha au terme de son premier mandat face à un gouverneur quasi inconnu d’un Etat de troisième rang – Bill Clinton, alors chef de l’exécutif de l’Arkansas – en raison de l’apathie de l’économie américaine.

Robert Redford – (CC) qbac07

Un succès militaire, aussi brillant soit-il, ne suffit donc pas à gagner une élection présidentielle. Cela pourrait paraître paradoxal car une crise militaire ou de sécurité nationale réunit généralement le peuple concerné autour de son chef et porte la popularité de ce dernier à des sommets inaccessibles en temps normal. Mais c’est une hausse artificielle, une poussée de fièvre générée par la perception du danger et le besoin de cohésion nationale qui en résulte. Ces émotions sont générées par des facteurs très particuliers qui disparaissent avec la situation qui en est à l’origine. En outre, comme l’Histoire nous l’apprend, les peuples oublient vite les succès militaires de leurs dirigeants.

Pourquoi ? Parce que notre perception est toujours dictée par ce qui nous touche le plus directement, ce qui conditionne nos émotions. Or l’une des émotions les plus puissantes en général, et en politique en particulier, est la peur. Et le problème d’Obama est que, aujourd’hui, un électeur de l’Ohio – l’un des Etats qui seront décisifs lors de l’élection de 2012 – a plus de risques de perdre son emploi – ou de ne pas en retrouver – que de perdre la vie dans une attaque fomentée par les séides d’Al Qaeda. Son vote sera donc davantage influencé par la situation économique que par le succès d’Obama face au terrorisme islamiste.

C’est un sacré embarras pour un Président que d’être à contre-emploi sur le front de l’emploi…

 

* Ce qui ne retire naturellement rien au mérite de cette opération !

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