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Toute vérité n'est que perception

Perception et histoire

Dans son livre Truth Be Told: Off the Record about Favorite Guests, Memorable Moments, Funniest Jokes, and a Half Century of Asking Questions, Larry King s’interroge sur la réaction qu’il aurait eue s’il avait entendu le discours d’Abraham Lincoln à Gettysburg. L’occasion de rappeler le décalage qui intervient souvent entre perception immédiate et perception historique d’un événement.

Le 19 novembre 1963, Abraham Lincoln prononce un discours pour l’inauguration du cimetière national situé sur le champ de bataille de Gettysburg (Pennsylvanie), site d’une victoire nordiste obtenue quatre mois plus tôt à l’occasion d’une bataille qui fit 51 000 victimes. Ce discours – qui mériterait un autre article sur l’art oratoire de Lincoln – est l’un des plus célèbres de l’histoire des Etats-Unis :

« Il y a 87 années que nos ancêtres ont fondé sur le sol de ce continent une nation conçue dans la liberté et construite sur l’idée de l’égalité entre les hommes. Nous sommes maintenant engagés dans une grande guerre civile, épreuve qui décidera si cette nation, ou toute autre nation ainsi conçue et vouée au même idéal, peut résister au temps. Nous voici réunis sur un grand champ de bataille de cette guerre. Nous sommes venus consacrer un coin de cette terre qui deviendra le dernier champ de repos de tous ceux qui sont morts pour que vive notre pays. Il est à la fois juste et digne de le faire. Mais, dans un sens plus large, nous ne pouvons dédier, nous ne pouvons consacrer, nous ne pouvons sanctifier ce sol. Les braves, vivants et morts, qui se sont battus ici l’ont consacré bien au-delà de notre faible pouvoir de magnifier ou de minimiser.

Le monde ne sera guère attentif à nos paroles, il ne s’en souviendra pas longtemps, mais il ne pourra jamais oublier ce que les hommes ont fait. C’est à nous les vivants de nous vouer à l’oeuvre inachevée que d’autres ont si noblement entreprise. C’est à nous de nous consacrer plus encore à la cause pour laquelle ils ont offert le suprême sacrifice ; c’est à nous de faire en sorte que ces morts ne soient pas morts en vain ; à nous de vouloir qu’avec l’aide de Dieu notre pays renaisse dans la liberté ; à nous de décider que le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ne disparaîtra jamais de la face du monde ». (traduction : Wikipédia)

Abraham Lincoln – (CC) Believe Collective

Il est fort douteux que les personnes qui entendirent ce discours à Gettysburg aient réalisé d’emblée qu’il entrerait dans l’histoire de la Nation qui se battait alors pour son existence même. En effet, la distance avec un événement permet de le mettre en perspective et d’en prendre toute la mesure. La perception que nous avons de toute chose mûrit avec le temps. C’est encore plus vrai pour un discours dont l’impact est mesurable avec le temps et pas seulement à l’instant où il est prononcé. Dans quelques cas exceptionnels, il est possible de se rendre compte que l’on assiste à un discours historique. Pour prendre deux exemples berlinois, je citerai à cet égard les discours de John Kennedy – “Ich bin ein Berliner” – et Ronald Reagan – “Mr. Gorbatchev, tear down this wall”.

C’est d’autant plus difficile aujourd’hui de percevoir dans l’immédiat l’importance d’un événement que nous sommes bombardés chaque minute par un déluge d’informations sans interruption. Il devient donc de plus en plus ardu de faire le tri entre l’éphémère et la chimère. Le cas du Président Obama en fournit une bonne illustration.

Son discours du 18 mars 2008 sur les rapports entre les races aux Etats-Unis fut ainsi salué le jour même comme historique. Il ne fait aucun doute qu’il s’agit d’un discours exceptionnel sur le plan intellectuel. Cependant, je l’ai dit, l’importance d’un discours ne vaut que par l’impact qu’il a. Le discours d’Obama a contribué à le sortir d’un mauvais pas dans la campagne pour la primaire démocrate – l’irruption sur la scène médiatique de son ancien pasteur, Jeremiah Wright, tenant des propos anti-américains. Mais il n’a malheureusement rien changé dans les difficiles rapports intercommunautaires dans son pays.

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