19 septembre 2011 | Blog, Blog 2011, Communication | Par Christophe Lachnitt
Un prix Pulitzer attribué à un robot dès 2016 ?
C’est ce que promet l’un des inventeurs de la dernière solution visant à automatiser la production journalistique. Une régression sociétale certaine mais un progrès technologique étonnant.
C’est un article du New York Times qui a attiré mon attention il y a quelques jours sur la start-up Narrative Science qui a développé une solution d’intelligence artificielle impressionnante. Ce logiciel rédige des articles à partir de données factuelles (statistiques sportives, rapports financiers, etc.). Ce n’est évidemment pas une perspective plaisante pour les journalistes qui sont déjà soumis aux grandes difficultés économiques de leurs employeurs face à la concurrence des modèles de presse gratuits sur Internet.
La noirceur de l’avenir dépeint par le co-fondateur de Narrative Science ne doit cependant pas occulter l’extraordinaire progrès technique accompli par cette start-up. En effet, contrairement à tous ses prédécesseurs – dont j’avais évoqué certains sur ce blog -, son logiciel est capable d’opérer des déductions à partir des données qu’il analyse et de définir un angle pour l’article qu’il rédige. Pour ce faire, il “comprend” des termes tels que, dans le domaine sportif, “esprit d’équipe”, “meilleure performance de la saison” ou “revenir du diable vauvert”. Il ne régurgite donc pas les faits comme tous les autres logiciels de production d’articles développés jusqu’à présent. Il reproduit en partie le raisonnement humain, ce qui confère à ses articles un naturel sans précèdent. Le début d’article reproduit ci-dessus illustre l’incroyable qualité de l’intelligence artificielle qui est au coeur de ce logiciel.

(CC) BTN, Narrative Science
Les articles de 500 mots produits par Narrative Science coûtent 10 dollars à ses vingt clients. Ceux-ci utilisent aujourd’hui cette solution pour rédiger des articles qui ne le seraient pas autrement ou assister les journalistes dans leur travail. Mais la question se pose naturellement à terme de la substitution du travail humain par les futures versions encore plus abouties de ce logiciel.
La seule manière pour les journalistes de le concurrencer sera alors de monter dans la chaîne de valeurs en produisant par exemple des articles de plus en plus analytiques – ce qui accentuera la tendance déjà manifeste, sous la pression d’Internet, à l’éditorialisation du traitement de l’actualité – ou des reportages sur le terrain.